Si toi pas malade … toi pas le droit d’être opéré
Selon des informations glanées dans diverses gazettes, dans un lointain pays, peut-être même sur une autre planète, un débat acharné opposerait des individus qui sont préoccupés par les limites des actes médicaux qu’ils veulent autoriser.
La question qui se pose à eux est de savoir si un médecin peut accomplir un acte chirurgical, à la demande de son patient, sans nécessité liée au maintien ou l’amélioration de la santé de celui-ci.
Cette question, d’apparence abstraite, est devenue si lourde devant les divers enjeux qui s’affrontent, que des dispositions législatives sont envisagées.
Mais quel événement est venu déclencher une telle tempête de l’opinion dans cette exotique contrée ?
L’affaire remonte à déjà bien longtemps lorsque les Hommes … et, en l’occurrence surtout la partie féminine de l’humanité … se sont aperçus que moyennant quelques coups de bistouri appliqués habilement, ou au moyen de quelques ballonnets de silicone glissés sous la peau, etc … il était possible de modifier l’apparence physique au point de sembler provisoirement plus jeune et plus beau … pardon … plus belle que nature.
Cette irrépressible envie de redresser des faiblesses de la nature, comme un nez jugé trop court, ou trop long, trop busqué … des seins trop menus ou au contraire trop volumineux … avait accompagnée l’inexorable montée d’une nouvelle religion vouée à Aphrodite aux diktats tellement puissants que les religions précédentes, regroupées dans la formule « Les religions du Livre », s’étaient progressivement effacées devant « La religion du Magazine ». Désormais seul Bouddha avait droit à un petit bidon rondouillard … le reste de l’humanité devait s’incliner devant l’exigence de rectification des écarts de chacun par rapport aux canons de l’Universelle Beauté au respect de laquelle il se devait de rendre un culte exigeant qui comportait le sacrifice obligatoire d’une partie de son anatomie par l’entremise de grands prêtres intitulés « Chirurgiens Esthétiques ».
Bien que les dépenses résultant de ces actes chirurgicaux n’aient jamais été prises en charge par la collectivité … probablement pour bien transformer l’ablation d’un excès graisseux en un sacrifice personnel allégeant les portefeuilles d’une façon inversement proportionnelle à la quantité de matière vivante soustraite, le corps social avait fini par s’émouvoir devant l’emprise sur les esprits de cette nouvelle religion.
Un bon et grand esprit éclairé avait alors eu la géniale idée, issue d’une étude approfondie des enseignements d’Hippocrate : « Interdire tout acte médical … et, en particulier, chirurgical … s’il n’était pas indispensable à la santé de celui qui le sollicitait ». Après l’invention du fil à couper le beurre, ce découvreur de génie, malheureusement resté dans l’ombre par modestie, sauva ainsi l’Humanité toute entière d’une oppression religieuse d’un autre temps.
Certains voyageurs, de retour de ces lointaines contrées, colportèrent que la mise au ban de la société de la chirurgie esthétique aurait pu être un effet secondaire de l’interdiction de pratiques ancestrales concernant les jeunes garçons chez les Juifs et les Musulmans … mais je n’en crois rien.
En tout cas, depuis, les chirurgiens esthétiques pointent à Pôle-Emploi dans ces pays lointains et cet accroissement de leurs statistiques du chômage embête bien François HOLLANDE qui craint que le mouvement contamine notre pays comme, naguère la vache folle Anglaise.
Jean-Paul Bourgès 3 août 2012