Pendant bien longtemps, le nom de Calais fut associé, pour beaucoup de Français passés par l’école de la République et ses programmes d’Histoire destinés à nous donner l’aspiration au courage et à l’honneur, à ces bourgeois remettant les clés de Calais au roi d’Angleterre, avec la corde au cou, pour éviter le sac de leur ville et le massacre de ses habitants. Auguste RODIN y puisa l’inspiration d’une de ses plus belles réalisations.
Depuis que passer en Angleterre peut se faire en se glissant clandestinement dans un camion transporté par voie ferroviaire au travers du tunnel sous la Manche, quelques milliers de migrants ayant vaincu de nombreux obstacles antérieurs, où ils avaient joué leur vie, viennent tenter de franchir la dernière étape avant l’exploitation économique « qui s’offrirait à eux », une fois arrivé au pays de la dérégulation.
Dans ce contexte les gouvernants d’Angleterre et de France font assaut de démagogie et de lâcheté avec leurs opposants respectifs. A voir la place que le sujet prend dans l’actualité, on ne peut qu’imaginer que l’équilibre de nos pays est en cause par « la pression qu’exercent ces migrants » autour de l’entrée dans le tunnel à Calais. On ne parle, pourtant que de moins de trois mille personnes, soit moins d’une personne pour vingt mille Français.
Serait-ce utile pour dévier notre regard des problèmes que nos gouvernants s’avèrent incapables de résoudre parce qu’ils ont décidé de laisser notre avenir entre les mains de groupes financiers bien plus puissants que les Etats ?
Dans ce contexte révoltant, il faut constater que ce sont les voix de responsables religieux, en France et en Angleterre, qui s’expriment avec le plus de clarté et de force pour nous rappeler que tout homme vaut n’importe quel autre homme et, donc, refusent le regard cynique et déshumanisé des responsables politiques.
De la même façon, comment ne pas écouter ce que dit le Pape François qui, par rapport à l’avenir de la planète comme en matière de justice sociale à l’échelle mondiale, s’est exprimé dans sa dernière encyclique ainsi que lors de son récent voyage en Amérique latine, comme on aimerait entendre l’entendre de la bouche de dirigeants dits « de gauche » ? Peut-être pourrait-on demander au chanoine de Latran ce qu’il en pense.
On n’a pas besoin de partager la même foi que lui, pour marcher à côté du Juste.
Jean-Paul BOURGÈS 5 août 2015