Quand faut-il apprendre la démocratie ?
L’Europe, au sens de l’Union Européenne, se définit comme un espace où règne la démocratie. Certes le côté bien imparfait de nos différents Etats fondateurs, le passé très récent des pires oppressions et des barbaries actives ou passives dans nos pays, la marche en avant jamais arrivée au bout de la route … doivent nous inciter à une grande prudence dans nos opinions à ce sujet et à éviter de dénoncer la paille dans l’œil du voisin tandis qu’une véritable poutre sort du nôtre.
Il faut, cependant, vraiment nous interroger sur la question suivante : « A défaut d’examen pour l’obtention du permis de conduire un Etat de façon démocratique », ne devrait-on pas subordonner l’intégration dans l’Union Européenne à la vérification concrète qu’un Etat est véritablement ancré et non simplement entré dans la démocratie ?
Depuis plusieurs années on a vu de gros signaux d’alerte s’allumer :
- à propos de la Pologne où les frères KACZINSKI ont pu nous donner une idée concrète de l’effet d’un clonage d’intégristes contrôlant tous les rouages (Un « malencontreux » accident d’avion ne nous a laissé que l’un des jumeaux qui fut battu à l’élection présidentielle) ;
- en Hongrie où les beaux jours du Régent HORTHY revivent sous les apparences de Viktor ORBAN ;
- en Slovaquie, où les tendances autoritaires avaient d’abord contribué à repousser son adhésion à l’Union Européenne en 2002, et où l’on sent fréquemment des tendances populistes malgré la présence de socialistes à la tête du Gouvernement.
Mais c’est en Roumanie que s’épanouit le plus, actuellement, le retour à un régime autoritaire avec un Premier Ministre socialiste, Victor PONTA, qui pratique sans complexes destitutions d’opposants et superbe ignorance des décisions de la Cour Constitutionnelle. Amusante cerise sur le gâteau, cet intéressant personnage avait plagié sa thèse de doctorat en droit … il ne lui reste qu’à plagier la pratique institutionnelle du « petit cordonnier » Nicolas CEAUCESCU.
La question qui se pose, à partir de ces cas, c’est de savoir s’il faut avoir atteint, de façon stable, un niveau minimum de démocratie pour pouvoir intégrer l’Union Européenne … ou si l’une des vocations de l’Union Européenne est d’accompagner des Etats vers un niveau raisonnable de démocratie.
Au-dessus de tout ceci, il nous faut avoir en permanence à l’esprit l’état bien imparfait de nos démocraties dont la célèbre phrase de Winston CHURCHILL « le pire des systèmes, à l’exclusion de tous les autres » est toujours d’actualité.
Jean-Paul Bourgès 6 juillet 2012