… morts que vivant
Le hasard fait que deux grands « dérangeurs » viennent d’être célébrés en même temps.
Aujourd’hui Stéphane HESSEL a reçu l’hommage de la Nation, avant que son corps rejoigne le cimetière du Montparnasse. Pour un amoureux de la poésie, comme lui, reposer au Mont Parnasse n’est-ce pas un beau résumé de la vie de celui qui, jusqu’aux derniers jours, fut capable de réciter tant de poèmes qu’il affectionnait ?
A la pointe nord de l’Amérique du Sud, Hugo CHAVEZ vient d’être escorté par une foule immense vers l’Académie militaire de Caracas dont il était issu.
Peu de choses rapprochaient ces deux hommes distants de presque quarante ans. Et, pourtant, ils eurent cette commune caractéristique d’avoir puissamment animé les débats de ces dernières années et d’avoir fort opportunément rappelé que le refus de la soumission est la première caractéristique de celui qui peut dire qu’il est un Homme.
La Bible veut nous convaincre de nous soumettre à la volonté de Dieu, y compris en nous abstenant d’accéder à la connaissance que Dieu veut nous interdire. Pour cela le livre de "La Genèse" nous montre Adam et Eve chassés du jardin d’Eden pour avoir voulu posséder le savoir. Pour certains cette image mythologique est une sanction et une dégringolade. Pour moi le sens en est exactement l’inverse. Ce n’est qu’en brisant les interdits et en accédant à la connaissance que l’homme devient Homme.
Les vies de Stéphane HESSEL et Hugo CHAVEZ, en ce début du XXIème siècle, auront été marquées par ce refus de « Ce qu’il ne semble pas possible de remettre en cause », à savoir l'exploitation de l'homme par l'homme au travers du système capitaliste. L’un comme l’autre ils ont été dérangeant. L’un et l’autre continueront d’inspirer à beaucoup d’hommes et de femmes, l’idée du refus de ce qui relève de la soumission confortable.
En les portant en terre, c’est à une persistance de leur message et donc de leur existence, qu’il est ouvert un nouveau champ d’expression.
Jean-Paul Bourgès 7 mars 2013