La baraka est pour nous
C’est fait, quel que soit le résultat de la Floride et de l’Alaska, la réélection de Barack OBAMA est acquise, ce matin, dans des conditions moins confortables qu’en 2008, mais fort honorablement.
En 2008, lorsque Barack OBAMA remporta sa première élection présidentielle, le monde … plus que l’Amérique … salua l’accession d’un noir à la Maison Blanche. S’il avait été battu en 2012, il aurait existé un sentiment d’erreur de casting en 2008. Cette deuxième victoire fait de lui un président absolument normal puisque beaucoup de présidents firent un double mandat. Sous cet angle là on peut donc considérer que ce scrutin ancre définitivement l’égale légitimité de tous les citoyens Américains, quelle que soit leur origine, à occuper la Maison Blanche.
Cette élection doit aussi nous servir de leçon pour l’Europe et particulièrement la France. En face de Barack OBAMA se trouvait l’Amérique la plus réactionnaire que l’on puisse imaginer car, même si Mitt ROMNEY avait mis de l’eau dans son vin ces derniers mois, sa campagne préalable en vue d’emporter l’investiture Républicaine à Tampa avait été un déluge d’extrémisme qui comprit, d’ailleurs, quelques gaffes monumentales comme son affirmation « Qu’il n’avait pas de temps à perdre avec les 47 % de personnes qui ne payaient pas d’impôts et s’empiffraient de bons alimentaires ». Contrairement à ce que pensait Patrick BUISSON, le mentor de Nicolas SARKOZY, les ultras peuvent frôler la majorité … mais pas l’emporter.
Cela signifie qu’il ne faut pas transiger sur certains principes, et que le pire poison que puisse redouter un homme politique c’est le doute et la peur, jusqu’à renoncer à camper solidement sur ses convictions. Rappelons-nous François MITTERRAND et sa position sur la peine de mort quelques jours avant l’élection de 1981. Dans une France majoritairement pour la peine de mort, c'était courageux car les prévisions étaient plus favorables à GISCARD ... mais ça ne l'a pas empêché de gagner ... puis de faire voter l'abolition de la peine de mort.
Plus les extrémistes se déchaînent, moins ils ont de chances de vaincre et la brutale défaite des Tea-party hier vient confirmer ce diagnostic sur la limitation de l’espace politique pour les extrémistes.
Barack OBAMA a vaincu sur le fil, mais il a vaincu. Il avait dit qu’il se retirerait d’Irak et d’Afghanistan et c’est en cours. Il avait dit qu’il ne cèderait pas devant le terrorisme et BEN LADEN n’est plus de ce monde. Il avait dit qu’il doterait les USA d’un système d’assurance maladie et il l’a fait malgré la guerre de tranchée que lui livrèrent les Républicains.
C’est nous qui avons de la baraka d’avoir sous les yeux cette leçon de politique au moment où l’équipe de François HOLLANDE et Jean-Marc AIRAULT est au pied du mur. Retenons cet exemple qui montre qu’il ne faut pas gâcher un mandat populaire en ayant la moindre peur devant les coalitions honteuses qui se constituent, par exemple, sur le « mariage pour tous ». Lorsqu’on a la majorité dans toutes les instances représentatives, on marche dans la direction qu’on a annoncée aux électeurs, sans se laisser détourner par les hurlements de ceux qui ont été battus au suffrage universel.
Jean-Paul Bourgès 7 novembre 2012