L’ange est là … et sourit
Il y a trois jours j’évoquais la tristesse que j’ai ressentie en constatant que, cinquante ans après, nous n’avons pas été associés à la célébration de la création de la République Algérienne. Je faisais alors la comparaison avec la fermeté d’esprits tournés vers l’avenir qui avait abouti à tourner définitivement la page de l’antagonisme franco-allemand.
Aujourd’hui, Angela MERKEL et François HOLLANDE se sont retrouvés devant la cathédrale de Reims où Konrad ADENAUER et Charles DE GAULLE avaient symboliquement ouvert, il y a cinquante ans, le processus qui aboutit au « Traité de l’Elysée » le 22 janvier 1963.
Sans cette amitié franco-allemande l’Europe n’aurait probablement pas résisté aux coups de tabac qui secouent bien souvent les vaisseaux de la flottille européenne. Très récemment encore, lors du dernier sommet de Bruxelles, les dirigeants de nos deux pays défendaient des positions opposées … sans que cela mette à mal l’amitié entre nos deux pays.
Le cap fondamental franchi à Bruxelles il y a huit jours, c’est l’abandon d’une attitude qui écrasait les autres pays européens sous le poids des deux principaux pays parlant d’une seule voix. Désormais le Conseil Européen apparaît nettement plus multi-polaire, et, de son côté, le Parlement Européen vient de rappeler qu’il n’est pas qu’une chambre d’enregistrement en retoquant le texte anti-contrefaçon qui avait été préparé dans le secret et donc de façon absolument non démocratique. Le chemin à parcourir sera encore bien long avant que les citoyens européens commencent à se retrouver dans les Institutions Communautaires. Mais il y a des progrès et, pendant que ce processus mûrit lentement, l’amitié franco-allemande résiste à toutes les tensions.
En pensant à la rencontre de ce jour, j’ai fermé les yeux et j’ai vu la statue de l’ange en imaginant qu’il se disait « Elle est là » avec un beau sourire.
Jean-Paul Bourgès 8 juillet 2012