φοῖνιξ
Régulièrement, comme ces marronniers qui rythment si poétiquement nos saisons et les bonnes feuilles de nos journaux, on nous explique que tel ou tel s’est « carbonisé » à la suite d’un faux pas politique. Rien ne semble, en effet, plus raisonnable que d’imaginer qu’un personnage public ne puisse pas se relever aux yeux de nos concitoyens à la suite de certains événements ayant lourdement porté atteinte à sa crédibilité.
Ces derniers temps on lit donc que Jean-François COPÉ et François FILLON se sont définitivement « carbonisés » par le spectacle minable de coqs de combat, sans aucun scrupule et dressés sur leurs ergots, qu’ils viennent de nous offrir. Il est vrai que leur bassesse n’a pas énormément de tels précédents dans l’Histoire récente … quoique … quoique !
Le Général DE GAULLE, lui-même un multi-ressuscité de la politique (Protégé du Maréchal PÉTAIN depuis 1922, Sous-Secrétaire d’Etat du gouvernement de la IIIe qui capitula en juin 40, il incarna depuis lors la Résistance, fut le chef du Gouvernement Provisoire qui précéda la IVe République puis fut le dernier Président du Conseil de cette IVe République, il fonda et présida la Ve République durant dix ans …) disait des Français « qu’ils étaient des veaux » qui sont donc des animaux qui meuglent et regardent béatement les trains de l’Histoire passer sans se faire un torticolis.
Alors COPÉ et FILLON carbonisés ? Le passé me suggère la plus extrême prudence en la matière.
Pensez donc. Carbonisé François MITTERRAND pour s’être moqué de tout le monde, et tout d’abord de la Justice (Il avait été Ministre de la Justice auprès de Guy MOLLET), lors de l’incroyable affaire des jardins de l’Observatoire dont il ne sortit que par l’effet d’une loi d’amnistie ? Que nenni ! Vingt deux ans après ces faits, il entrait à l’Elysée une rose entre les dents, mais sans le rose de la honte au front.
Nous brûlons d’une telle passion pour la politique, nous Français, que nous avons situé au point le plus haut de notre panthéon national l’image même de la personne carbonisée : Jeanne d’Arc !
Alors je pense que nos tristes comiques de l’automne, Jean-François COPÉ et François FILLON, qu’on pourrait imaginer plus carbonisés que s'ils étaient passés par le haut-fourneau de Florange, sont tout à fait susceptibles de renaître de leurs cendres tel le Phoenix.
Jean-Paul Bourgès 8 décembre 2012