Etre « black-listé » est une expression qui prend sa source aux Etats-Unis, où à la suite du sénateur Joseph Mac CARTHY, des listes de personnes suspectes de complicité avec l’URSS furent établies par de nombreuses organisations, comme les producteurs d’Hollywood et les studios de Walt-Disney, afin d’écarter « les mauvais américains » et les étrangers susceptibles de nuire aux USA. C’est ainsi que Charlie CHAPLIN, de voyage en Europe, se vit refuser le droit de revenir aux USA.
Un excité, on dirait aujourd’hui un déséquilibré, partant, le 9 février 1950, d’une liste de personnages à la fidélité américaine douteuse au moment où la tension était extrême entre les USA et l’URSS, obtint en quelques mois une démarche tous azimuts d’épuration à l’encontre de toute personne mise sur ces fameuses « listes noires » qui fleurirent un peu partout, en dehors de tout contrôle judiciaire.
Ce cirque insensé dura environ cinq ans jusqu’à la révocation du sénateur, qui avait commis l’erreur, sous la présidence du Général Dwight EISENHOWER, d’étendre ses attaques au sein de l’armée des USA.
Cette politique eut un effet, qui n’a pas dû manquer de réjouir Joseph STALINE, en affaiblissant les Etats-Unis, en les détournant de l’essentiel et en écartant de nombreux fonctionnaires fort importants.
Si je rappelle cet épisode c’est parce que je me demande de plus en plus souvent si nous ne vivons pas les prémices d’un phénomène similaire, par rapport à l’Islam et ceux qui sont supposés en être les vecteurs de propagation dans « l’occident chrétien ».
Ce mouvement a donné lieu à des livres destinés à agiter l’opinion, d’auteurs comme Eric ZEMMOUR ou Alain FINKIELKRAUT, les leaders politiques se sont mis à surfer dessus … et ce qui était une spécialité de droite a largement infecté la gauche désormais.
La lamentable affaire de la déchéance de nationalité n’est-elle pas une sorte d’immense « black-list » sans jeu de mot lié à la couleur de peau de beaucoup de ceux que cela concernerait ?
Quand Nadine MORANO nous expliqua que « la France est un pays de race blanche … », n’a-t-on pas mis le doigt dans un processus d’exclusion de ceux qui seraient supposés ne pas pouvoir être de bons et vrais Français ?
Quand on considère qu’un Français, ayant cédé au mirage purificateur du djihad en Syrie, ne peut pas revenir en France et y reprendre sa place après avoir compris qu’il s’est égaré, procède-t-on autrement que Joseph Mac CARTHY qui ne voulait pas voir Charlie CHAPLIN de retour aux Etats-Unis ?
De proche en proche, et avec l’excuse des horreurs que furent les attentats de 2015, ne sommes-nous pas sur le point de créer deux catégories de citoyens : les citoyens « normaux » … dignes d’une République présidée par un « Président normal » ; les citoyens suspects d’être prêts à trahir la Nation et même à y commettre des attentats aveugles.
Avant que les Parlementaires des deux assemblées, puis les mêmes réunis en Congrès, se laissent aller à modifier notre Constitution en rendant banal l’état d’urgence et ses limites aux libertés publiques … et, pire, en adoptant un système de déchéance de la nationalité qui ne menace que ceux qui sont black-listés, j’espère qu’ils reliront ce que fut le mac-carthysme et qu’ils retiendront leur vote avant de nous plonger dans le cauchemar.
Jean-Paul BOURGЀS 9 février 2016