Le Sénat a souvent été appelé « la Chambre haute » mais ces personnages élus au second degré au scrutin de liste, ont souvent donné l’impression de n’être qu’en pré-retraite après de bons et loyaux services d’élu local.
Il va nous falloir repenser notre vocabulaire après la position prise par le Sénat sur l’affaire de la déchéance de nationalité.
Voulant rouler tout le monde et faisant semblant d’avoir entendu l’opposition à une déchéance de nationalité ne s’appliquant qu’aux bi-nationaux, Manuel VALLS avait cru malin de faire voter par l’Assemblée Nationale que la déchéance s’appliquerait à tous les Français. C’était, évidemment, se moquer du monde puisque ceux qui n’ont que la nationalité française ne pouvaient pas être rendus apatrides.
Le Sénat, dont les membres sont plus chatouilleux que les Députés, a redonné au texte sa cohérence et sa finalité profonde qui est bien de retirer la nationalité française à quelqu’un qui a aussi, au hasard, la nationalité marocaine, algérienne ou belge … de Molenbeek. Le Sénat appelant un chat un chat, a restauré le texte dans sa franchise initiale. Il a, de plus, supprimé l’application de cette disposition aux auteurs de délits et il a réduit la portée de l’article 1 sur l’état d’urgence.
Pauvre Manuel VALLS !, sa brillante réforme constitutionnelle n’est pas encore devant le Congrès … mais bien embourbée comme nous le souhaitions.
Le risque c’est que, ne pouvant pas reculer sur tous les fronts en même temps autrement qu’en démissionnant, Manuel VALLS mette toutes ses forces sur cet autre affreux texte qu’est « la loi Travail ». Il est donc indispensable que le front du refus se renforce sur ce texte qui ne doit pas être « amélioré » mais tout simplement retiré.
Que le MEDEF se rassure, la droite sera bientôt de retour au pouvoir et elle détruira le Droit du Travail … mais, au moins ça sera un texte de droite, proposé par la droite et voté par elle.
En tout cas, quand on se rappelle que le Général DE GAULLE avait voulu supprimer le Sénat, on ne peut que se féliciter qu’il ait survécu et qu’il soit même, aujourd’hui la « Chambre claire », celle qui fait la lumière, là où le gouvernement tente de cacher ses intentions dans des coins sombres.
Jean-Paul BOURGЀS 9 mars 2016