La mort rôde à nos frontières européennes
Cet été j’avais parlé du sort de cette sportive Somalienne, Saamiya Yusuf Omar, qui perdit la vie dans les eaux de la Méditerranée en tentant de rejoindre l’île de Lampeduza sur une embarcation légère ( http://blogs.mediapart.fr/blog/jean-paul-bourges/240812/la-bouteille-la-mer ).
Le journal Algérien, « El Watan », chiffre à un ordre de grandeur de cinq hommes, femmes et/ou enfants le nombre de ceux qui meurent chaque jour en tentant d’entrer en Europe.
Beaucoup, comme Saamiya Yusuf Omar, trouvent la mort aux Canaries, ou en Méditerranée dans le détroit de Gibraltar et vers Lampeduza. Mais on compte aussi des morts aux frontières orientales de l’Europe avec l’Ukraine dans les forêts de Pologne par où arrivent surtout des habitants de la Tchétchénie … dont il n’est guère besoin de se demander pourquoi ils fuient leur pays.
Notre économie est en berne, les plus riches fuient à Berne, Zürich, Genève ou Bruxelles, les pigeons roucoulent pour exiger du grain et Louis GALLOIS a su convaincre en un tournemain un gouvernement dit « de gauche » de faire un cadeau de vingt milliards d’euros aux entreprises sans contrepartie ni condition véritable pour les rendre plus performantes à l’exportation et résistantes à l’importation.
Mais, depuis six mois que la gauche est «aux manettes », l’avons-nous entendue se préoccuper de solidarité à l’échelle mondiale, méditerranéenne, et même simplement européenne ? Se prépare-t-elle tout simplement à chercher de rallier l’ensemble de l’Europe à une attitude de profonde solidarité à l’égard des autres … qui ne sont qu’une autre incarnation de nous-mêmes ?
Nous avons tous en tête la déclaration de Michel ROCARD, alors Premier Ministre : « La France ne peut accueillir toute la misère du monde … », mais on oublie toujours la fin du propos qui en change le sens : « mais elle doit savoir en prendre fidèlement sa part ».
A l’ère sarkozyenne, qui sans fermer l’entrée d’étrangers en France … heureusement … n’en a pas moins exploité à outrance l’épouvantail de l’immigration pour surenchérir sur le FN, n’a pas succédé un temps nouveau où l’Homme (Au sens générique masculin comme féminin) aurait retrouvé sa pleine dignité. Lors d’un mariage d’un couple mixte, j’avais dit en accueillant les mariés et leurs familles dans la mairie : « Chacun préfèrerait presque toujours rester sur la terre de ses ancêtres. Mais ces conséquences des difficultés économiques ont au moins des effets heureux qui sont de favoriser les mélanges, la rencontre concrète des cultures et des convictions, et la mise en vie de l’égalité de tous les Hommes ».
Il faut vraiment que l’on prenne conscience de cette réalité anthropologique qu’est le résultat de la misère des uns et de la prospérité des autres sur les mouvements de population.
En face de cela la réponse « de gauche » ne peut qu’exprimer le refus du racisme, de l’exclusion, du repli sur soi … conformément à la phrase de Michel ROCARD, dès lors qu’on ne la tronque pas. Même si ça n’est pas le sentiment majoritaire dans le pays, un « homme de gauche » ne peut y échapper qu’en se reniant et, donc, en se préparant à quitter le pouvoir au profit de ceux qui ont, au moins, l’avantage de la cohérence en affichant clairement le fait que la solidarité n’est pas leur tasse de thé.
Jean-Paul Bourgès 9 novembre 2012