… dans la vallée du grand Rift !
Le Kenya est, très justement, célèbre pour la richesse de sa faune qui nous transmet un petit air de « premiers matins du monde ». Les travaux d’Yves COPPENS nous ont également accoutumé à l’idée que ce soit là que Lucy et les siens aient été les premiers hommes dont nous descendons.
Il se trouve, aussi, que ce pays de l’Afrique de l’Est peuplé de quarante trois millions d’habitants, est revenu sous la botte de la famille du premier président d’après l’indépendance, Jomo KENYATTA.
Une élection présidentielle vient d’avoir lieu et, oh surprise, celui qui emporta l’élection dès le premier tour par 50,07 % des voix se nomme Uhuru KENYATTA, fis de Jomo KENYATTA. Son rival, Raila ODINGA, Premier Ministre, a déjà indiqué qu’il ne reconnaîtrait pas ce résultat et l’on peut donc craindre le retour des violences de 2007 qui avaient abouti à des poursuites de la Cour Pénale Internationale (CPI) à l’encontre d’Uhuru KENYATTA. Ce charmant Monsieur avait, en effet, orchestré un déferlement de violences et d’assassinats politiques pour imposer la réélection du président sortant Mwai KIBAKI du même parti que lui, alors que l’opposant, Raila ODINGA déjà lui, protestait en raison de fraudes évidentes.
Soyons clair, c’est un criminel qui vient d’accéder à la tête du Kenya.
Mais rien de tout ceci n’empêchera les amoureux de la nature de se rendre au Kenya pour y observer les éléphants, les zèbres, les lions … et les crocodiles qui ne sont pas tous à l’affut sur les bords des fleuves et des lacs.
Rien n’empêchera, non plus, l’exportation vers l’Europe des haricots verts ou des fleurs (Le volume de production des roses a été multiplié par onze en vingt ans) qui épuisent les meilleures terres sans apporter grand-chose aux habitants de ce pays où le revenu par tête (809 $/tête en 2010, soit environ 2% du chiffre français) est à un niveau très bas, même pour l’Afrique.
Le naufrage de l’Afrique se poursuit sous notre regard qui ne fait pas la différence entre les fauves qui peuplent la savane et leur concurrent qui va s’installer au State House de Nairobi.
Mais je m’indigne à tort, si l’on en croit Kurt TIOSSEM qui dirige l’ONG « International Rescue Committee » qui déclarait en juillet 2012 : «Nairobi est une excellente localisation pour les ONG. IRC travaille dans 25 pays dont 15 en Afrique, et Nairobi est devenu un hub, une plateforme de connexion idéale pour les transports et l'accessibilité. Et puis, on y trouve des employés locaux d’un excellent niveau».
Pas de quoi s’inquiéter, donc, et l’on se demande bien pourquoi le CPI a inculpé de « crime contre l’humanité » celui qui vient d’être élu. La fraude et le crime viennent, en tout cas, de le rendre intouchable par la justice internationale pour le temps de son mandat … et, comme il n’a que cinquante deux ans, cela lui réserve sûrement un avenir serein pour plusieurs décennies, car on peut douter qu’il quitte le pouvoir maintenant qu’il l’a rendu à la famille KENYATTA.
Jean-Paul Bourgès 10 mars 2013