… mais si révélatrices
La France fut représentée à Caracas pour les obsèques d’Hugo CHAVEZ par « notre régional de l’étape », Victorin LUREL, Ministre des Outre-mer et ancien Président de la région Guadeloupe.
Il a exprimé son admiration du défunt, en qui il voit, pour le Venezuela, une synthèse de Charles DE GAULLE et Léon BLUM. Par rapport à la langue de bois à laquelle nous sommes, non pas habitués, mais condamnés, il y avait là matière à se rafraîchir … ou à s’indigner pour ceux qui ont en horreur tout ce qui sort d’une pensée gentiment convenue. Pensez-donc, faire référence à l’icône de la droite que celle-ci trahit chaque jour, et évoquer l’icône de la gauche qui déclara naguère : « Toute classe dirigeante qui ne peut maintenir sa cohésion qu’à condition de ne pas agir, qui ne peut durer qu’à la condition de ne pas changer, est condamnée à disparaître ».
Alors on vit le déferlement des critiques de la droite où, après Yves JÉGO, Dominique BUSSEREAU, Christian ESTROSI, Hervé MARITON, Hervé MORIN déclara qu’il avait « honte pour son (mon) pays ». Mais on entendit aussi les propos gênés et alambiqués de quelques collègues de Victorin LUREL au gouvernement comme Marisol TOURAINE pour qui « faire de CHAVEZ une figure de référence internationale n'a pas de sens ».
Mais la ligne de partage nous est venue, une fois de plus de celle qu’il me semble tout à fait nécessaire que le MEDEF reconduise à sa tête, malgré les statuts qui ne le permettent pas. Je veux parler, bien sûr, de Laurence PARISOT qui, avec son air de « la Madame qui ne rigole jamais », a expliqué pesamment en quoi l’action d’Hugo CHAVEZ à la tête du Venezuela durant quinze ans était condamnable. Pensez donc, en prenant fait et cause pour le peuple contre ceux qui, depuis des décennies, pillent les ressources de ce pays, selon Laurence PARISOT, Hugo CHAVEZ « a fait en sorte que toutes les élites quittent le pays » (Avec tous ceux qui quittent leurs pays, et ne se déshonorent pas en le faisant, on pourrait fonder une amicale internationale). Et, pour faire bon poids et sortir complètement du champ d’expression qui devrait être le sien, elle n’a pas hésité à accuser Victorin LUREL de « déshonorer notre pays en s'exprimant ainsi ».
Depuis le temps que nous voyons le MEDEF mettre sous pression notre pays, et ceux que nous imaginions être de gauche se coucher devant ses foucades par un étrange mélange de trouille et d’incompétence, peut-on espérer que cette impudique sortie du bois conduira la gauche gouvernementale à identifier enfin le loup ?
Ce qui déshonorerait notre pays, aujourd’hui, c’est de ne pas voir que le chavisme en Amérique latine fut un signal fort d’émancipation qui n’est pas rattaché au bolivarisme sans raison.
Quand la gauche gouvernementale relira-t-elle ce que disait Léon BLUM ? En tout cas je ne vois pas comment une gauche, qui cache son admiration de CHAVEZ par crainte de ce que pense Laurence PARISOT, pourra éviter de se planter et de perdre durablement l’estime de ses électeurs.
Jean-Paul Bourgès 11 mars 2013