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Billet de blog 11 novembre 2015

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Le Tata à ne pas rater

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

En ce 11 novembre nous avons, Maly et moi, délaissé les rappels de la fin de la première guerre mondiale dans notre village pour nous rendre, à quelques kilomètres de chez nous, au « Tata » de Chasselay.

En langue wolof, ce mot désigne un fortin, mais, à Chasselay il s’agit d’une modeste nécropole en forme de Tata dont les petites tours d’angle rappellent l’architecture de la mosquée de Tombouctou.

A Chasselay, dans cette nécropole nationale, sont enterrés cent-quatre-vingt-dix-huit tirailleurs sénégalais morts les 19 et 20 juin 1940 après avoir résisté à l’avancée vers Lyon de la division blindée du général Von KLEIST.

Beaucoup d’entre eux moururent au combat, ce qui est, hélas, un sort courant dans la guerre. Mais soixante-dix d’entre eux furent faits prisonniers comme de nombreux autres militaires.

Leur peau noire conduisit les vainqueurs à les séparer des soldats blanc de peau et à les massacrer tous comme des chiens.

Je sais que la France n’est pas un pays de race blanche, et je sais que le sang de ces martyrs à la peau noire ne blanchira jamais ceux qui osent encore penser notre communauté nationale sur la même base raciste que ceux qui accomplirent ce crime de guerre et cette atteinte aux principes les plus fondamentaux de notre pays.

Une foule nombreuse se pressait donc, ce matin, à Chasselay et j’ai envie de croire qu’en y exprimant tous notre respect de ces hommes, nous disions aussi notre volonté de faire obstacle à tous ceux qui se croient nationalistes mais sont une injure à notre pays.

Juste après le déjeuner je suis allé faire travailler les maths à deux jeunes mineurs isolés qui, par des chemins qui ne nous font guère honneur, sont arrivés chez nous en provenance d’Afrique. Lorsque leurs arrières-grands-parents vinrent combattre en France, on n’hésita pas à les envoyer avec des armes inadaptées offrir leurs poitrines à la mitraille allemande. Comment fait-on pour oublier si vite ?

Parcourir les allées de ce modeste cimetière au look africain en rase campagne française, ça remet les idées en place. Voila un Tata à ne pas rater, au son du clairon, ou dans le recueillement solitaire.

Jean-Paul BOURGÈS 11 novembre 2015

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