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Billet de blog 12 février 2013

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Les leçons alimentaires

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… du Vert Galant

Depuis quelques jours ça n’est plus « la fin des haricots », c’est juste Findus !

A l’occasion du recours à de la viande de cheval, plutôt qu’à de la viande de bœuf, les lasagnes de la discorde viennent de déclencher un séisme politico-commercialo-alimentaire majeur, impliquant la faiblesse des Institutions européennes et reléguant fort opportunément la réduction du budget européen parmi les détails de l’Histoire. Je plains les journaux qui, disposant de trois infos majeures en même temps, les lasagnes frauduleuses, la bombe nucléaire nord-coréenne et la démission de Benoît XVI, ne pourront qu’exploiter partiellement ce que l’étalement de ces trois news sur une dizaine de jours aurait permis d’atteindre en matière de chiffre d’affaire. Enfin, c’est comme ça … et j’en reviens à la place du cheval dans notre alimentation, car le reste me semble tout à fait mineur.

On avait connu, autrefois, le commerce triangulaire par lequel des Hommes, traités comme du bétail, furent arrachés à leur terre et à leurs familles en Afrique pour fournir la force de travail dont avaient besoin les Amériques pour exploiter les richesses d’un sol prometteur puis apporter à l’avide Europe les produits qui en résultaient.

Désormais nous connaissons des mouvements triangulaires nouveaux où de la viande produite en Roumanie vient garnir des plats « cuisinés » fabriqués et surgelés en France, avant de les vendre à des Anglais. La grande erreur, dans le scandale qui vient d’éclater, c’est d’avoir fait avaler à des Britanniques de la viande de cheval, ce qui est aussi grave chez eux que de mettre du porc à la place de poulet dans un plat destiné à des Musulmans !

Je ne veux pas, ici, analyser les circuits, les failles dans les contrôles, la tromperie volontaire ou involontaire et autres sujets dont nos gazettes regorgent.

Ce qui m’intéresse c’est que nous avalons une part très rapidement croissante de nourriture surgelée concernée par ce nouveau commerce triangulaire. Or si nous en sommes arrivés là, dit-on, c’est parce que la viande qu’on y met coûte environ trois fois moins cher que celle que l’on achète chez son boucher.

Le succès de ces produits exprime tout simplement des besoins astronomiques en viande et à des prix compatibles avec un niveau de vie qui plafonne. Soyons clairs, nous voulons manger trop de viande et de plats préparés avec de la viande sans trouver le temps de faire de la cuisine. L’agriculture ne s’en porte pas mieux, mais nous épuisons la terre tout en réduisant significativement la qualité de ce que nous mangeons. C’est ce modèle de consommation qui est en cause … et non, simplement, une fraude quelque part dans l’étiquetage d’un produit par quelqu’un qui avait acheté de la viande de cheval pas cher et a voulu la revendre, nettement plus cher, en viande de bœuf.

Il se trouve qu’hier soir, circulant sur divers sites d’informations, je suis tombé sur une info disant que grâce à des analyses ADN, utilisant des restes de Louis XVI, on avait désormais la certitude que le crâne momifié retrouvé en 2008 chez un retraité était bien celui d’Henri IV.

Savoir cela m’a fait me souvenir de cette volonté politique qui avait germé dans ce crâne il y a un peu plus de quatre cents ans : « Que chacun puisse mettre la poule au pot le dimanche » !

Nos crises alimentaires récurrentes de populations gavées d’un excès de protéines, et la famine qui touche plus d’un milliard d’autres Hommes, ne sont-elles pas dues au fait que nous avons voulu que ça soit dimanche tous les jours ?

Henri IV, reviens … nous avons besoin de nous rallier une nouvelle fois à ton panache blanc !

Jean-Paul Bourgès 12 février 2013

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