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Billet de blog 13 décembre 2012

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Europe croupion

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Le solilaisse

Excusez-moi d’aborder ce billet sérieux consacré à l’Europe par l’évocation du meilleur morceau du poulet. Mais l’idée Européenne se réduisant de plus en plus à un croupion, ma pensée s’est mise à divaguer vers les trois messes basses de DAUDET, et je n’ai pu résister à ces images de solilaisse dansant devant mes yeux.

Mon remords de vous imposer cette vision, sans attendre que les cloches de Noël vous dirigent vers des agapes familiales, est accru par le sentiment que nous sommes sur la paille avec juste ce qui reste de souffle à un âne et un bœuf efflanqués pour nous réchauffer … et que, pour beaucoup de citoyens européens, la réjouissance de leurs papilles risque bien de devoir plus à leur imagination qu’à la réalité de ce qu’ils pourront mettre dans leur assiette.

Il n’est pas possible de croire que le « Comité du Prix NOBEL de la paix » n’a pas été inspiré par le summum de l’humour norvégien en choisissant l’Union Européenne l’année où celle-ci se sera réduite à un croupion si maigrichon que même son solilaisse est sec comme un coup de trique budgétaire.

Charles TRENET avait chanté « Que reste-t-il de nos amours ? », j’ai envie de le plagier en disant « Que reste-t-il de notre Europe ? ».

A vrai dire, pas grand-chose sauf quelques fonctionnaires bruxellois principalement préoccupés de réglementations tatillonnes négociées en catimini avec les lobbyistes qui pullulent à Bruxelles.

L’Europe a complètement abdiqué toute prétention à jouer un rôle sur la scène internationale parce que chacun des pays est trop jaloux de son rôle propre … ou, parfois, bien sale … pour que cette pauvre Catherine ASHTON soit autre chose qu’un miroir aux alouettes.

L’Europe est endettée, certes, mais bien moins que les Etats-Unis qui lui ont refilé leur crise provoquée par un culte du « laisser faire » imposé par les plus riches afin d’utiliser les plus pauvres comme « variable d’ajustement ». Mais l’Europe a renoncé à un tel point à une pensée propre, qu’elle bêle encore le catéchisme du libéralisme à la REAGAN sans même s’interroger sur les causes de l’échec de ce « modèle » aux USA. Désormais réduire la dette est devenu une exigence quasi-religieuse sans autre réflexion. Seuls les lemmings se suicident en masse avec une telle ferveur.

Contrairement à ce que le deal MERKEL / HOLLANDE de juin avait pu laisser croire, la marche vers le fédéralisme de l’Europe est en panne. Ce fédéralisme est pourtant indispensable pour que les contraintes budgétaires puissent se comprendre à défaut de les admettre.

Sur tous ces sujets ce qui est en cause c’est le grand affrontement entre « destin individuel » et « destin collectif ».

L’Europe était née chez Jean MONNET, Robert SCHUMAN, Alcidio DE GASPERI, Paul-Henri SPAAK … et quelques autres, de la volonté de créer un espace de paix à partir d’une aspiration partagée à plus de solidarité et moins d’égoïsme national entre des nations respectant un socle commun de valeurs démocratiques.

Les « sommets européens » ont progressivement réduit l’Europe à un vaste foirail où chacun vante la qualité de son bétail en cachant sous un pompon décoratif le furoncle purulent qui rendra la viande impropre à la consommation.

Enfin, last but not least, plusieurs pays de l’Union sont en train, comme la Hongrie, de dériver vers des régimes d’inspiration raciste et non-démocratique … et aucune autorité commune ne siffle la fin de la partie.

Combien serons-nous à sonner le tocsin, pour éviter la catastrophe ?

Jean-Paul Bourgès 13 décembre 2012

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