… ils sont tous amoureux de la démocratie participative
Depuis ce matin je participe, à Nantes, aux dixièmes rencontres nationales des Conseils de Développement. Je suis membre du Conseil de Développement du Grand Lyon depuis plusieurs années et nous y avons une grande liberté d’enquête, de réflexion, d’expression sur des sujets très divers intéressant le développement, comprenez l’évolution à venir, de l’agglomération lyonnaise.
Un peu partout en France, dans le cadre d’ensembles allant de quelques communes rurales regroupant autour d’un chef-lieu de département une trentaine de milliers d’habitants, jusqu’à ces Communautés Urbaines habitées par un à deux millions de personnes, des Conseils de Développement permettent à des milliers de citoyens d’apporter aux élus un éclairage complémentaire à ceux des techniciens et de l’ensemble des corps intermédiaires à partir desquels se forme un éclairage politique.
Je connais bien l’investissement personnel parfaitement bénévole de tous ceux qui s’impliquent dans ces structures, la compétence et le dévouement des fonctionnaires ou vacataires territoriaux qui les accompagnent, la bonne volonté des politiques qui, en leur permettant d’exister, démontrent leur envie de « jouer le jeu » au lieu de « jouer le je ».
Mais ce n’est nullement critiquer les uns et les autres que de faire quelques constats.
Les Conseils de Développement passent un temps considérable à chercher comment exprimer le mieux possible ce que nos concitoyens redoutent le plus et, comme le disait Jean-Paul DELEVOYE ce matin ceux-ci expriment énormément de crainte car leur confiance en l’avenir s’est effondrée en quelques années.
Parce que ne s’intéresser qu’aux craintes serait le plus sûr moyen de devoir se bourrer d’anxiolytiques, les Conseils de Développement traduisent aussi, et même surtout, des souhaits, des besoins, des attentes.
Mais assimiler ces démarches à la notion de « démocratie participative », même si un jour de Saint Valentin tout le monde à Nantes avait envie de dire : « la démocratie participative … j’en suis amoureux », c’est quand-même un peu étrange, d’autant que nous constatons le maintien de beaucoup de démarches très verticales tournées vers le besoin de faire comprendre aux citoyens les orientations déjà fixées (C’est ce que j’appelle la « démarche vaseline ») plutôt que des approches horizontales de confrontation de points de vue réputés tous aussi légitimes et concernant l'avenir.
L’essence même de la démocratie, pouvoir du peuple, c’est l’exercice de la décision et donc du choix. Le choix de ce que l’on fera et le choix de ce que l’on ne fera pas, autrement dit le choix de ce à quoi on renonce … même si ça aurait fait bien plaisir de le faire aussi.
Associer, par conséquent, le terme de « démocratie participative » à des structures qui n’ont aucun pouvoir de décision, c’est extrêmement trompeur. Ce serait tout autre chose de dire que « les Conseils de développement participent à la vie démocratique » … mais guère plus que bien d’autres structures de nos sociétés, comme les syndicats d’employés ou d’employeurs, les associations et chaque citoyen qui donne son avis lors d’une commission d’enquête publique ou en exprimant son vote lors des élections politiques.
Jean-Paul Bourgès 14 février 2013