Les popes de Nijni-Novgorod - ce nom me rappelle toujours Michel STROGOFF de Jules Verne - sont de fameux roublards.
Ils avaient fait changer une chaudière par une entreprise, mais ils semblaient peu pressés de régler la facture de quatre-cent-cinquante-huit-mille roubles qui avait été adressée au diocèse.
Les popes manifestaient tellement leur surdité aux rappels de leur fournisseur que celui-ci porta plainte afin de récupérer les cinq-mille-cent-cinquante euros qui lui étaient dûs.
C’est finalement par une transaction, validée par le tribunal, que cette affaire s’est conclue.
Le diocèse a fait un règlement de deux-cent-mille roubles, soit un peu moins de la moitié … et le reste sera payé en prières faites pour apporter aux deux dirigeants de l’entreprise bonheur et prospérité.
En Russie, comme en bien d’autres pays dans le monde, il est tout à fait impressionnant de voir à quelle vitesse revient l’influence de la religion … sous ses formes les plus superstitieuses.
Que, devant les troubles du temps, confrontés aux échecs répétés des politiques, ébranlés par la difficulté que ressentent certains à séparer ce qui est juste de ce qui ne l’est pas … de nombreuses personnes éprouvent un sentiment rassurant dans une religion … ne me choque pas, même si je me sens fort éloigné de ce genre de comportement.
Au moment où la science et la technologie démontrent qu’il y a cent ans Albert EINSTEIN avait vu juste et que l’on capte des ondes gravitationnelles ayant parcouru l’espace depuis plus d’un milliard d’années, imaginer que des prières puissent rembourser une dette m’apparaît plus inconcevable que jamais.
Autant j’ai été sensible à ce qu’on appelle « le message évangélique » issu de la prédication d’un Juif né à Bethléem, autant il m’est toujours apparu inaudible qu’il s’agisse d’un discours d’origine divine.
Mais ce que l’on voit revenir c’est l’époque des « indulgences » qui, moyennant versement d’argent, permettait à ceux qui raclaient leur bourse pour en extraire les dernières piécettes de s’acheter un accueil clément au Purgatoire ou en Paradis si les piécettes étaient nombreuses.
André MALRAUX nous avait prévenus : le XXIème siècle replonge dans l’obscurantisme.
Comment en vouloir à nos concitoyens ? Rien n’est fait pour les rassurer … soyons indulgents.
Jean-Paul BOURGЀS 14 février 2016