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Billet de blog 14 mars 2013

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Malgré les apparences

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… Rome conserve son Assise

« Habemus papam … » et, pour la première fois c’est un Pape venu du nouveau Monde. Aussitôt dans mon oreille retentit la symphonie n° 9 d'Antonin DVORAK. L’homme, presque totalement inconnu, paraît au balcon Place Saint Pierre et c’est vrai qu’il a l’air plus humain, c'est-à-dire plus proche de Monsieur tout le monde que son prédécesseur. Et puis l’hagiographie, sport préféré des médias, se met en route avec l’efficacité nouvelle que permet internet. Pensez donc, il n’habite pas un palais épiscopal à Buenos Aires  mais un petit appartement en ville où, célibataire endurci, il cuit lui-même son frichti. Il n’a pas voiture et chauffeur, mais il prend le métro et les bus urbains. Il passe beaucoup de temps auprès des plus pauvres et, signe de cette proximité avec les pauvres, il a choisi de s’appeler François, comme François d’Assise. Assise, le nom est lâché, mais c’est une ville d’Italie, ça, pas bien loin de Florence qui reste le symbole des intrigues tordues.

Eh oui, on nous a raconté que, pour la première fois l’Eglise catholique s’était donné un Pape non européen et que c’était même le troisième Pape non Italien ! On était juste passé sur un petit détail, aussitôt révélé d’ailleurs, par sa parfaite maîtrise de la langue italienne et de son accent, lors des premiers mots qu’il prononça au balcon. En fait le Cardinal Jorge Mario BERGOGLIO, maintenant le Pape François, est le fils d’émigrés Italiens qui étaient allés chercher un ciel plus clément en Argentine.Subtilement et subrepticement Rome s’est débrouillé pour élire un Pape d’origine italienne. A l’époque où on n’est plus tout à fait sûr de reconnaître un sac Louis Vuitton véritable d’une copie chinoise et des lasagnes cuisinées par la mamma de celles imitées par Findus, un Italien pur sucre ou un Italien venant de la pampa cela n’a guère de différence. L’assise de Rome n’est pas ébranlée.

Au-delà des images d’Epinal, il a vraiment l’air sympathique et on a plutôt envie de l’aimer ce nouveau Pape. Son passé semble sérieusement plaider pour lui … sauf qu’une « petite » gêne surgit lorsqu’on prend conscience qu’il a soixante seize ans et qu’il n’est donc pas un poussin de la dernière couvée. Benoît XVI était adolescent à l’époque de l’Allemagne nazie et sa présence, probablement forcée, dans les « Jeunesses hitlériennes » resta, jusqu’à sa retraite une ombre douloureuse sur ce Pape.

Concernant François, ce qu’il va falloir éclairer c’est ce qu’il fit durant la bien plus récente dictature militaire du Général VIDELA … où l’on tenta de donner le goût du parachutisme sans parachute à ceux que le régime de ces tortionnaires voulait éliminer. Cet épisode atroce de l’Histoire argentine remonte à trente six ans. A cette époque le futur Pape avait déjà quarante ans, il avait déjà des responsabilités en tant que Provincial des Jésuites pour l’Argentine … et il faudra donc  qu’une totale transparence soit faite. C’est bien qu’un Pape demande pardon parce que d’autres membres de l’Eglise ont cédé à des penchants sexuels sur des mineurs que leur célibat forcé pouvait exacerber. Mais c’est un geste de nature strictement symbolique. Dans le cas de ce nouveau Pape, il faudra qu’une enquête objective, internationale, impartiale nous éclaire sur ce qui s’est passé à Buenos Aires de 1976 à 1983 et le comportement du Jésuite, Jorge Mario BERGOGLIO, durant cette période. Si son comportement fut digne et sans reproche, il en sortira encore grandi et l’Eglise aura, alors fait un bond en avant dans la modernité. S’il a eu quelques faiblesses, qui peuvent être celles de tout homme, il devra demander publiquement pardon aux victimes … ou plutôt à leurs familles. Et si c’est plus grave, il pourra recourir à la jurisprudence Benoît XVI … en démissionnant.

La solution la pire, celle que la tradition de la Curie imposerait sûrement, ce serait le silence, pardon l’omerta … mais serait-ce conforme au message de François d’Assise ? Rome pourrait bien encore tanguer au son du tango.

Jean-Paul Bourgès 14 mars 2013

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