Enfin un président « normal »
Qu’est-ce qu’un « Président normal » ? Ah !, la normalité, quel beau sujet philosophique et éthique !
Un « Président normal », selon François HOLLANDE quand il était candidat, c’était celui qui ne faisait pas comme les autres et surtout pas comme Nicolas SARKOZY (J’ai bien assez honni cette sous-image de ce qu’est un Président, pour imaginer que toute antithèse me convienne mieux). Ceci étant, au sens propre, en voulant être « autre que les autres », le « Président normal » se définissait comme anormal au sens ordinaire de ce terme.
Ce débat aurait un grand intérêt, si ce cap (Notre « Président normal » adore ce terme que le départ du Vendée-globe rend très mode) avait été maintenu. Mais, aujourd’hui il me semble très décalé de plusieurs fuseaux horaires et même relever des antipodes.
Ne voulant pas offusquer nos nombreux amis de par le vaste monde, je me contenterai de passer en revue les comportements « normaux » des anciens présidents de la Ve République.
Sous la présidence de l’intègre Général DE GAULLE le Colonel ARGOUD fut enlevé en Allemagne mais le Général nia toujours y avoir été associé.
Georges POMPIDOU fut la victime d’un odieux complot médiatico-politique lié à l’affaire MARKOVIC, mais il décida bel et bien la grâce de Paul TOUVIER et tint des propos émouvants sans totalement convaincre tellement cela semblait « téléphoné ».
Valéry GISCARD d’ESTAING fut un élégant, quoiqu’un peu maniéré, spécialiste du coup tordu, que son âme damnée, Michel PONIATOWSKI, réalisait pour son compte … ce qui lui permettait de se promener sur la scène publique avec le sourire naïf d’un enfant de chœur qui aurait cependant versé du vinaigre dans les burettes du Père Curé.
François MITTERRAND, par ailleurs et de longue date lié à des impostures majeures comme "l'affaire de l'avenue de l'Observatoire", eut cette réponse historique à Jacques CHIRAC qui s’efforçait de le coincer, le 28 avril 1988 sur l’affaire Walid GORDJI, en lui demandant de lui « répondre dans les yeux » : « dans les yeux je la conteste ». Un grand moment de l’art dramatique comme la Comédie Française en eut peu.
Jacques CHIRAC, affublé du titre de « supermenteur » par les « Guignols de l’Info », se tailla un succès de Boulevard en créant un fameux « abracadabrantresque » à propos des accusations posthumes de financement occulte du RPR de Jean-Claude MÉRY qui, malgré cette innocence évidente, le conduisirent à restituer de l’argent à la ville de Paris et à une condamnation en correctionnelle.
S’agissant de Nicolas SARKOZY, la liste des imputations est telle qu’on ne sait vers quel dossier tourner la tête, d’autant qu’aucun n’a encore été jugé … mais on en a le tournis. Nous laisserons l’Histoire dire la place qu’il occupera sur le podium si ce n’est au Panthéon.
Alors, revenons à François HOLLANDE, ça y est, comme un puceau qui jette sa gourme en s’étonnant lui-même de son audace, il a probablement sauté le pas qui sépare le vrai du semblant en nous affirmant n’avoir été, en rien, impliqué dans l’arrestation et la remise à l’Espagne d’Aurore MARTIN. Il est capable de s'exprimer comme un « vrai président normal ». Il fait désormais partie de la famille.
Le seul problème pour lui … et encore plus pour nous … c’est que nous n’avions pas compris qu’être « un Président normal », ça voulait dire : être aussi peu convainquant que les autres. La conséquence, naturelle, c’est que nous avons, désormais, fini de le croire aveuglément … il nous reste à l’évaluer sur les résultats … et ça n’est pas encore gagné.
Jean-Paul Bourgès 14 novembre 2012