C’est le 16 février 1899, que le Président Félix FAURE fut définitivement abandonné par sa connaissance, qu’on avait fait sortir par une porte discrète du Palais de l’Elysée.
Même si les présidents de la IIIème République n’avaient qu’un pouvoir de représentation, il faut cependant remarquer que leurs amies venaient à eux et non l’inverse … mais c’était, il est vrai, avant l’invention du scooter.
Félix FAURE était un homme assez falot, issu de milieux profondément conservateurs imprégnés de « morale bourgeoise » où la respectabilité ne supposait nullement que l’individu en question soit particulièrement respectable.
De ce personnage d’opérette, je ne dirai rien d’autre, sauf rappeler qu’il s’était opposé à la révision du procès d’Alfred DREYFUS.
C’est plutôt à une réflexion sur l’évolution de la présidence de la République que je voulais me livrer en repartant juste d’une constante : le goût des hôtes de l’Elysée pour les femmes.
En un peu plus d’un siècle on est passé d’une potiche autorisée à vivre dans le luxe afin de donner au monde entier et surtout aux Français l’idée d’une opulence républicaine, à un quasi despote sourd aux critiques et dont le prestige ne remonte, de temps en temps, qu’en raison de malheurs arrivés à ses concitoyens.
L’une des caractéristiques d’un despote, c’est le fait qu’il nomme des potes à des fonctions publiques. Je n’appréciais pas particulièrement Fleur PELLERIN, mais son remplacement brutal par Audrey AZOULAY n’est-il pas typique ? Quant au nombre d’anciens de sa promotion de l’ENA qui l’entourent … c’est bien simple, cela a transformé nombre de réunions à l’Elysée en « réunion d’anciens de la promo VOLTAIRE ».
Surtout, le despote est quelqu’un jusqu’auquel ne monte plus le bruit que font les critiques.
L’affaire de la révision constitutionnelle est particulièrement représentative de cet autisme élyséen. Le comble de cette coupure entre le despote et le monde qui l’entoure c’est qu’il va jusqu’à faire entrer dans son Gouvernement des personnes qui disent et répètent qu’elles ne sont pas d’accord avec lui, comme Emmanuelle COSSE à propos de la déchéance de nationalité. Une première analyse pourrait être qu’il admet, en grand démocrate, la critique autour de lui. Je pense que ce n’est pas du tout ça. Il fait « des prises politiques » en se moquant comme de sa première chemise de ce que pensent les personnes qu’il a ainsi achetées contre un plat de lentilles.
L’apparence de notre système politique reste celle d’une République fondée sur le droit. La réalité est celle d’un fonctionnement fondé sur le bon-vouloir de quelqu’un dont, par ailleurs, la prise sur le réel s’avère chaque jour de moins en moins forte.
Jean-Paul BOURGЀS 16 février 2016