… est dans le frôlement
Un astéroïde de quarante cinq mètres de diamètre est passé près de la terre vendredi. Une minuscule poussière à l’échelle de l’univers … une monstrueuse bombe pour notre si faible planète que nous ne savons pourtant trop comment l’affaiblir davantage avec nos insignifiantes rivalités.
Soyons rassurés, comme Standard and Poors surveille la trajectoire de nos économies, la NASA surveillait la trajectoire de cette masse rocheuse, qui a eu le bon goût de se contenter de nous frôler … . Mais, pas plus que S&P, la NASA n’eut été capable d’influer sur la trajectoire de ce gros caillou qui, s’il avait touché notre bonne vieille terre, aurait plongé notre monde dans un cataclysme plus ou moins comparable à celui qui, semble-t-il, causa la disparition des dinosaures.
Mais non, je me trompe et je vous fais inutilement peur … l’astéroïde qui entraîna la fin des dinosaures aurait eu, pense-t-on, un diamètre de dix kilomètres. L’astéroïde 2012-DA-14 qui vient de nous frôler était deux cent fois plus petit et il ne pesait que cent trente cinq mille tonnes. Si, au lieu de passer à moins d’un dixième de la distance entre la terre et la lune, il avait heurté la terre, il n’aurait, probablement été capable que de détruire deux ou trois petits pays … et non l’ensemble de l’humanité.
Statistiquement un tel astéroïde ne devrait plus approcher la terre avant quarante ans … et j’ai beau vous aimer tous bien fort, cette perspective m’émeut très moyennement … car il me semble peu probable d’être en capacité de voir cet astéroïde en levant le nez … vers l’âge de cent huit ans.
Quand, un peu honteux de cette peu altruiste pensée, j’étends, pour commencer, ma réflexion … ou, plus exactement, ma rêverie à mes filles et à mes petits-enfants, quarante ans me semble soudain une perspective immédiate. Je me demande alors où en seront les moyens dont l’humanité se sera dotée, d’ici là, pour suivre l’approche de tout astéroïde afin de le détruire bien avant qu’il puisse atteindre la terre.
Les techniciens nous rassurent, tels le guet qui veillait dans nos villes à l’époque de « La ronde de nuit » de REMBRANDT, ils seront là pour surveiller le ciel et détruire bien loin de la terre, tout astéroïde menaçant.
De proche en proche ma rêverie me conduit à la seule perspective raisonnable - mais peu agréable - qui est celle d’une planète qui a déjà un peu plus de quatre milliards d’années, qui a déjà vécu plusieurs cycles géologiques d’une extrême brutalité et qui n’a aucune probabilité de survivre à un heurt destructeur avec un corps céleste de grande taille qui doit déjà se mouvoir dans l’univers.
Soudain cette réflexion m’apparaît pour ce qu’elle est, c’est à dire sans intérêt aucun par rapport à notre quotidien, qui peut s’interrompre demain ou devoir être transmis, de la moins mauvaise façon possible, à mes petits-enfants et leurs descendants.
Peu importe les météorites … demain sera encore un jour … que nous décrit le rite de la météo.
Jean-Paul Bourgès 17 février 2013