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Billet de blog 17 février 2016

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Nul ne doit échapper à la Justice

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Probablement depuis toujours, mais d’une façon qui me semble s’accentuer, certains tentent d’échapper aux poursuites judiciaires que leurs agissements nécessitent.

Historiquement cela a correspondu à l’existence de juridictions différentes en fonction du statut des personnes. Autrefois, le serf n’était soumis qu’au jugement de son maître qui avait un pouvoir de vie et de mort … bien sûr sans aucune possibilité d’appel. La « Justice Royale » ne se comportait absolument pas de la même façon avec les sujets du Roi, en fonction de leur statut … et, par le système de « la lettre de cachet », toute personne pouvait être définitivement privée de sa liberté sans aucune possibilité de se défendre.

La Révolution Française changea cela et l’article 6 de la Déclaration des Droits de l’Homme et des Citoyens en posa le principe : « La Loi est l'expression de la volonté générale. Tous les Citoyens ont droit de concourir personnellement, ou par leurs Représentants, à sa formation. Elle doit être la même pour tous, soit qu'elle protège, soit qu'elle punisse ».

Le déroulement de diverses procédures entamées contre des personnages publics peut, fort légitimement, donner au citoyen ordinaire le sentiment que cette égalité n’est plus de mise et l’idée se répand que certains, de gauche comme de droite, échappent aux conséquences de leurs actes par un usage immodéré de subterfuges juridiques ayant pour effet de ralentir presque jusqu’à l’immobilité le cours de la Justice. On ne peut pas rester insensible à l’insolence persistante d’un Patrick BALKANY qui siège toujours à l’Assemblée Nationale et dans sa mairie de Levallois … alors que les preuves de ses malhonnêtetés ont même abouti à la saisie conservatoire de ses propriétés. On ne peut ignorer le recours à l’astuce d’une QPC pour retarder le procès contre Jérôme CAHUZAC. On ne peut surtout pas comprendre que la mise en examen de Nicolas SARKOZY dans le financement de sa campagne de 2012 ne soit pas traduite en démission de sa fonction de président de l’UMP et renoncement à se représenter en 2017. Dans ce dernier cas, ce n’est pas à la Justice d’agir, mais à son mouvement politique qui, en ne le faisant pas, confirme son mépris de l’égalité de tous les citoyens.

Mais une toute autre affaire agite, à Lyon, une autre composante de notre société : l’Eglise Catholique. Un prêtre du diocèse de Lyon eut, pendant de nombreuses années, des comportements pédophiles avec de jeunes garçons dont il s’occupait dans le cadre du scoutisme de sa paroisse. Ces agissements ont fini par donner lieu à des plaintes et des procédures sont en cours. Jusque-là rien que d’hélas fort banal. Là où l’on sort du banal, c’est quand on apprend que le Cardinal – Primat des Gaules, Philippe BARBARIN, était au courant depuis 2007, alors qu’il avait précédemment déclaré n’avoir appris les agissements de ce prêtre qu’en 2014. Son silence, alors qu’il avait le devoir de dénoncer un acte pédophile dont il avait connaissance, n’est-elle pas une persistance dans son esprit d’une Justice religieuse, non soumise à la seule Justice qui puisse désormais exister en France : la Justice qu’administre l’Etat.

Après ses sorties de l’été 2012, où il avait contesté le droit du Parlement de légiférer sur le mariage, le Primat des Gaules ne montre-t-il pas qu’il n’a jamais compris et admis la loi de séparation des Eglises et de l’Etat ?

La gravité de ses comportements c’est qu’avec les autres anomalies rappelées au début de ce billet, cela conforte le citoyen ordinaire dans l’idée que la Justice est à géométrie variable selon la fameuse phrase de Jean de LA FONTAINE : « Selon que vous serez puissant ou misérable,
Les jugements de cour vous rendront blanc ou noir
».

C’est comme ça qu’on tue la République.

Jean-Paul BOURGЀS 16 février 2016

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