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Billet de blog 18 mars 2013

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Certains abandonnent leurs enfants

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

… d’autres refusent de le faire

En fin de semaine un événement étrange s’est déroulé dans notre agglomération lyonnaise.

Une jeune-femme, âgée de vingt ans, a accouché par césarienne et, compte-tenu de sa situation personnelle et, en particulier, du fait qu’elle est toxicomane, les services sociaux avaient prévu de prendre l’enfant en charge dès la naissance dans le cadre des mesures de protection de l’enfance.

Ne pouvant accepter que son enfant lui soit arraché, la jeune-femme, qui savait ce qui se tramait puisqu’on lui avait déjà pris son premier enfant auparavant, a organisé l’enlèvement de son petit garçon à l’hôpital avec le concours d’un ami le lendemain de la naissance … puis elle s’est échappée à son tour.

Comme chacun sait, la police lyonnaise est fort efficace et, en quelques heures, l’enfant et la mère furent retrouvés … et la jeune mère est désormais en garde à vue à l’hôpital.

Quelles étrangetés dans notre vie sociale.

Certains abandonnent leurs enfants, dans le cadre de la « naissance sous X », ou postérieurement. D’autres vivent avec leurs enfants mais les maltraitent, jusqu’à ce que des décisions de justice mettent ces enfants à l’abri dans des familles d’accueil ou des institutions spécialisées. D’autres, enfin, comme cette jeune mère, n’ont probablement pas les moyens matériels ou psychiques d’assumer leur responsabilité de parents mais résistent de toutes leurs forces à un arrachement qui est pour eux d’une intolérable violence. Et, parmi les enfants, certains, des dizaines d’années plus tard, cherchent désespérément, y compris en utilisant les moyens modernes des réseaux sociaux, à retrouver qui étaient leurs parents biologiques … alors-même que leurs parents adoptifs ont été d’excellents parents.

Loin de moi l’idée de récuser l’action des services sociaux (Je les ai fréquentés depuis plus de vingt ans, dans le cadre de mes activités municipales puis associatives, et je les admire et les respecte), mais je suis consterné que l’on ne trouve pas les moyens de permettre à une jeune-femme de vingt ans d’échapper à l’enfer de la drogue d’une part, d’assumer comme elle en a l’envie son rôle de mère.

Quelle entrée dans la vie pour ce petit garçon qui vient de naître !

Quelle façon d’entrer dans sa troisième décennie pour la maman !

Autrefois l’enfant aurait fait partie d’une famille élargie, où les insuffisances éventuelles de la maman auraient été compensées par les oncles et tantes et, s’ils étaient encore en vie, les grands-parents.

Désormais la « famille élargie », c’est la société, représentée par « les services sociaux » qui, aussi performants qu’ils soient, arrachent un enfant à son passé pour lui assurer un futur.

L’enfant appartient-il à ses parents ? Les parents appartiennent-ils à leurs enfants ? La seule propriété d’un enfant, n’est-ce pas juste lui-même ?

Cet enfant né à Lyon trouvera-t-il son compte dans les décisions publiques prises pour le protéger ? Je le lui souhaite, en espérant que la douleur de sa maman aura, au moins, l’intérêt de garantir son avenir.

Jean-Paul Bourgès 18 mars 2013

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