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Billet de blog 18 juillet 2012

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Naïf !

La naïveté … un défaut que je ne déteste pasDepuis une semaine je suis sur « mon » Plateau Vivaro-Vellave, dont je parle souvent. Pris par des tâches ménagères (Mettre une maison en état de recevoir tous ceux qui aiment s’y retrouver) et préoccupé par la pensée de celles et ceux qui y ont passé des moments d’insouciance et, souvent, de créativité, depuis trente cinq ans, je n’ai pas trouvé le temps de réagir à toutes les informations qui sont les palpitations de notre monde.

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La naïveté … un défaut que je ne déteste pas

Depuis une semaine je suis sur « mon » Plateau Vivaro-Vellave, dont je parle souvent. Pris par des tâches ménagères (Mettre une maison en état de recevoir tous ceux qui aiment s’y retrouver) et préoccupé par la pensée de celles et ceux qui y ont passé des moments d’insouciance et, souvent, de créativité, depuis trente cinq ans, je n’ai pas trouvé le temps de réagir à toutes les informations qui sont les palpitations de notre monde.

En allant chercher des planches pour consolider un parquet, ce matin, j’ai entendu sur France-Inter une émission qui parlait de l’affaire BREIVIK et des réactions de certaines personnes à ce sujet qui évoquaient la « naïveté scandinave » à propos de l’immigration (Je préfère ne pas même citer leurs noms tellement j’aurais expressément envie de les vomir) et j’éprouve le besoin de revenir sur cette notion de « naïveté » qui ne me paraît pas être respectée comme elle le devrait.

Lorsqu’on parle de naïveté je pense immédiatement à mon père qui, d’une intelligence supérieure lorsqu’il s’agissait de mathématiques, était incapable d’imaginer le mal dans les rapports entre les Hommes et qui fut sûrement moqué ou méprisé par ceux qui étaient plus rusés qu’intelligents autour de lui. Ce que je sais c’est qu’il n’a jamais eu à rougir de ses actes … et ça n’est pas si mal.

Ce détour de la pensée … ou, plutôt, du souvenir, ne doit pas m’écarter de ce qui m’est apparu important : les Scandinaves (Suédois et Norvégiens dans le cadre de l’émission de ce matin) sont-ils des naïfs … ou en avance sur ceux qui se croient malins ?

A Tence, samedi, tout en me servant de merveilleuses caillettes, le charcutier me parlait de ses fils dont l'un est à Cannes et l’autre à San Francisco.

On pourrait se demander quel rapport existe entre ces propos décousus.

En fait la marche vers le multiculturalisme, une vision universelle du genre humain, est en route à un rythme dont notre myopie ne nous permet pas toujours de prendre conscience.

Le « réalisme » de ceux qui nous expliquent que l’Europe est en train d’être débordée, inondée, détruite par une immigration mettant en cause notre « identité » … ce « réalisme » à odeur putride peut fabriquer des BREIVIK qui disjonctent et massacrent des dizaines d’innocents, mais il est incapable d’empêcher le mouvement qui conduit chacun à se sentir concerné par ce qui se passe à des milliers de kilomètres … parce qu’une partie de sa famille ou de la famille de ses voisins y vit désormais et que leur cadre de vie ne leur est donc plus totalement étranger.

Il y a trente cinq ans, lorsque j’ai pris pied sur « mon » Plateau, personne n’avait de famille très au-delà de Lyon … la grande ville. Désormais « la grande ville » est « la porte à côté » … et le lointain envoie des messages quotidiens à la charcuterie de Tence depuis les rivages du Pacifique.

La naïveté a changé de camp. Seuls ceux qui ne voient pas ça sont des vrais naïfs, ou à vrai dire surtout des ignares, éloignés du terrain qu’ils fantasment sans le voir vraiment tel qu’il est.

Et, puisque je suis parti de la Scandinavie pour traiter ce sujet, ma mémoire me reporte il y a presque soixante ans, lorsqu’élève de CM2 du Lycée International (On parlait, alors, de 7ème), je déjeunais chaque jour chez les GAARE (Lui était colonel Norvégien au SHAPE) où Ingrid, la maman, et Berrit, la fille, m’entouraient naïvement de la chaleureuse affection de ceux qui vivent dans le froid du Nord.

La naïveté n’est assurément pas un défaut, ni une faiblesse, mais une force d’essence supérieure.

                                                                                                     Jean-Paul Bourgès 18 juillet 2012

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