… en tournant les talons quand on nous appelle ?
La conférence de la Cédéao à Abidjan l’a bien montré. L’ensemble des pays de l’ouest africain ont apprécié l’attitude manifestée par la France dans sa réaction à l’invasion du sud du Mali par les extrémistes qui, il y a quelques mois, s’étaient emparé du nord où ils avaient établi la charia.
Si le nord du Mali est peu peuplé et assez homogène sur le plan religieux, le sud est, lui, beaucoup plus peuplé et sensiblement plus composite et l’arrivée d’une bande d’excités comme ceux qui lapident, coupent mains et pieds, détruisent les monuments, aurait représenté une menace mortelle pour tous ceux qui ne partagent pas la foi en l’Islam et qui représentent quand-même environ dix pour cent des Maliens.
J’ai plusieurs fois évoqué la réserve qu’impose à la France d’être l’ancienne puissance coloniale et j’ai souvent déploré le système de la Françafrique qui, de DE GAULLE – FOCCART à SARKOZY – GUÉANT, a surtout permis à des régimes corrompus de se maintenir au pouvoir.
Il me semble que, cette fois, il fallait répondre positivement à la demande du Mali, des autres membres de la Cédéao et à la résolution de l’ONU. La seule gêne c’est qu’on peut légitimement penser qu’on aurait été moins empressés si le Niger et ses mines d’uranium n’était aussi menacé par les mêmes mouvements terroristes qui y font régulièrement des incursions … et que nous nous intéressons, manifestement, aux réserves minières du Mali qui sont, pour l’instant, inexploitées.
Il faut aussi prendre la mesure de l’attaque de type opération militaire lors de la prise d’otages de grande envergure dans le sud algérien. D’un côté à l’autre du Sahara, c’est une force surarmée, extrêmement mobile, totalement fanatisée qui s’est emparée d’un vaste complexe gazier où travaillaient plusieurs centaines de personnes. Certains ont trouvé la réaction des autorités algériennes trop violente. Soyons sérieux, quand on voit qu’il a fallu plusieurs jours à des militaires hyper entraînés et très bien équipés pour venir à bout de ce commando, il est évident que c’est à un combat entre armées que les Algériens ont été amenés à se livrer. S’ils avaient fait autrement il est vraisemblable que pas un seul otage occidental n’en serait sorti libre et vivant.
Moi qui ai la guerre en horreur, je pense vraiment que, dans ces conditions, François HOLLANDE a fait le bon choix, à la fois le choix de l’intérêt bien compris et celui de la dignité et de la solidarité aux côtés de ceux qui allaient être débordés.
Cela ne veut pas dire que la suite sera un chemin semé de roses, Mais ne pas agir comme il l’a fait c’était « tourner les talons » et, inéluctablement, finir par tourner le dos à l’Afrique. Le plus préoccupant dans cette affaire c’est de constater que nous semblons être les seuls en Europe à tenir à conserver des liens étroits avec l’Afrique. On aura à reparler plus longuement de cet aspect.
Jean-Paul Bourgès 19 janvier 2013