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Billet de blog 19 février 2013

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On a inventé la feuille de vigne

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… bien avant les Japonais !

Pendant trois années, j’ai eu mon bureau sur l’avenue du Prado, à Marseille, et je passais pratiquement tous les jours autour de la copie du « David » de Michel Ange qui marque la fin de cette avenue et regarde la mer au-delà de la plage où vient toute la jeunesse marseillaise.

Jamais la taille et la vigueur des attributs masculins de cette statue ne m’étaient apparus particulièrement remarquables et l’on pourrait même se demander si Michel ANGE, pourtant plus porté dit-on sur les jeunes-hommes que sur les jeunes-filles, n’aurait pas eu une vision un peu étriquée de ses attributs.

Bien qu’il n’ait pas pris Rocco SIFFREDI comme modèle pour son David, Michel ANGE l’avait cependant représenté dans une sereine nudité qui choque les pudibonds habitants d’Okuizumo, une petite ville du Japon où une réplique de cinq mètres de haut de ce fameux David fut érigée l’été dernier. Ce spectacle est, d’après eux, de nature à troubler leurs enfants et ils souhaiteraient qu’un slip soit passé à la statue afin d’éviter le spectacle de cette virile nudité à leur progéniture.

Ce qui me surprend davantage c’est que le riche industriel de cette région qui a offert ce David pour agrémenter un jardin public, a aussi fait cadeau d’une immense « Vénus de Milo » et que cela ne semble avoir ému personne.

Pourtant la vision d’une femme privée de ses avant-bras, n’est-elle pas infiniment plus traumatisante pour de jeunes enfants que la contemplation d’un jeune-homme parfaitement bien portant ?

Au pays des conséquences atroces d’Hiroshima et de Nagasaki où les naissances d’enfants privés de bras marquèrent longtemps les suites de l’usage de l’arme atomique, au pays de Fukushima où nul ne sait combien d’anomalies similaires apparaîtront dans les populations iridiées, je trouve particulièrement étonnantes ces réactions qu’on imagine être d’un autre âge.

Mais on a tort de raisonner comme ça, la pudibonderie, je dirais plutôt la pudibondieuserie, est de retour au grand galop un peu partout. Ici on veut voiler de petite-filles parce que la vision de leur visage, enfantin … mais féminin, pourrait inspirer de mauvaises pensées. Là on veut cacher l’anatomie d’un jeune-homme.

Mai 68, la libération des mœurs, l’hommage au « Dieu soleil » qui vit le monokini triompher sur les plages … sont bien loin. La feuille de vigne est de retour, comme elle le fut au XVI ème siècle quand on recouvrit de voiles pudiques les « parties honteuses » tant masculines que féminines de nombreux tableaux, dont le plus typique est le camouflage de ces parties sur « l’expulsion du jardin d’Eden » qui furent masquées deux cents ans après avoir été peintes par MASACCIO … avant d’être restaurées dans leur nudité originelle en 1980. Ne va-t-on pas les recouvrir de nouveau d’un voile ? « L’ordre moral » opère partout avec toute son hypocrisie, alors même que l’immoralité ... la vraie ... ne m’a jamais semblé aussi envahissante.

Jean-Paul Bourgès 19 février 2013

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