Les religions se mêlent des lois sur l’adoption …
mêlons-nous de leur rôle dans l’adoption des Lois
Nous vivons, depuis 1905, sur un concept de séparation de l’Etat et des religions dont on constate régulièrement qu’il n’apparaît plus comme une cloison étanche entre les sphères de l’action publique et celle de la vie confessionnelle.
L’affaire du « mariage pour tous » a fait renaître le front de la droite et des religions, principalement du catholicisme. Il y avait eu un précédent, en 1984, avec l’opposition au projet de loi d’Alain SAVARY, l’approche était cependant bien différente car la loi n’était pas alors dénoncée comme « contraire à la parole de Dieu » mais uniquement comme menaçant la liberté de l’enseignement qui est reconnue à l’Eglise Catholique au travers d’écoles sous contrat avec l’Etat. Cette fois, c’est bien le droit pour le Parlement de légiférer sur un terrain où les Eglises ont fixé leurs propres règles qui est contesté (cf le billet que j’avais publié le 16 août : http://blogs.mediapart.fr/blog/jean-paul-bourges/160812/un-parlement-de-dieu ). Par ailleurs le lien entre conservatisme religieux … on sent chaque jour que Vatican II s’éloigne et le pontificat de Benoît XVI ramène peu à peu l'Eglise Catholique avant Jean XXIII … et conservatisme politique apparaît de nouveau aussi évident que dans la période qui précéda la Loi de 1905.
On dit couramment « vingt deux v’la les flics ! », on va devoir apprendre à dire « vingt trois v’la les mitres !». Le Cardinal-archevêque de Paris a, en effet, complètement perdu les pédales en pronostiquant qu’après le « mariage pour tous » on trouverait des enfants à acheter sur internet.
Ce qui doit sonner le tocsin c’est la violence manifestée dimanche par les intégristes de Civitas qui, charité chrétienne oblige, étaient là pour commettre des brutalités … et ne s’en sont pas privé.
La France est un pays où la paix religieuse fut difficile et tardive à établir. Il me semble de plus en plus urgent que l’on rebâtisse une nouvelle loi de séparation, ce qui, plus de cent ans après la première, donnerait à cette loi une longévité bien supérieure à la moyenne de nos lois.
Qu’il s’agisse de règles fixées par des islamistes intégristes, ou de celles qui proviennent des milieux catholiques non moins intégristes, il faut prendre des dispositions sévères contre ceux qui appellent à la désobéissance civile. Il faut aussi faire cesser le particularisme du statut concordataire qui traite les ministres des cultes en Alsace-Moselle comme des fonctionnaires (Evidemment à l’exclusion des imams). A l’époque où tous les Français sont appelés à se serrer la ceinture, il est profondément choquant d’avoir, à cause de BISMARCK, à payer des salaires pour des religieux qui dénient au Parlement le droit de légiférer sur le mariage. Un vieux précepte arabe dit « Ne mords pas la main qui te nourrit ».
Par ailleurs chaque commune de France entretient son église … ce qui entraîne parfois plus de dépense que pour son école … partout où la dernière école publique a disparu avec des regroupements d’écoles dans un bourg un peu plus peuplé. Pourquoi ne pas définir un barème de prise en charge, valable pour toutes les religions reconnues, fondé sur le nombre de pratiquants (Seuls pourraient être retenus ceux qui cotiseraient pour leur Eglise au travers d’un « denier du culte ») ?
En tout état de cause il faut que cesse l’hypocrisie qui s’indigne de prêches de certains imams contraires aux lois de la République, mais trouve normaux les excès que l’on a entendus récemment de la part de la plus haute hiérarchie catholique à propos du « mariage pour tous ».
Jean-Paul Bourgès 20 novembre 2012