Plus médiocre que ça … c’est toi qui meurt
Un homme de bien vient de mourir dans la commune où je suis élu depuis vingt trois ans. Ancien enseignant, de cette trempe des fameux « hussards noirs de la République », marié à une enseignante qu’il avait rencontrée sur les bancs de l’Ecole Normale d’Instituteurs dans le Cantal, il dédia sa vie entière aux jeunes et il anima durant un tiers de siècle l’association d’éducation populaire dont profitèrent tous les enfants de notre commune, quelles que soient les familles de pensée de leurs parents.
Laïc et ne croyant nullement en quelque dieu que ce soit, il n’en respectait pas moins les convictions des autres.
Pour autant il ne mettait pas les pieds à l’église, sûrement par besoin de clarté quant à ses convictions en ne voulant pas que l’on puisse croire que, comme beaucoup, il ne fréquentait pas l’église … mais ne rechignerait pas devant un petit coup de goupillon d’eau bénite sur son cercueil … le moment venu.
Tous ceux qui l’ont bien connu, autant dire quatre vingt pour cent, au moins, de nos concitoyens éprouvent le besoin d’accompagner sa dépouille au cimetière et de rendre hommage à son action et à sa personne si respectable.
Mais où se réunir pour cet ultime hommage ? Un maire pusillanime n’a pas été capable de décider d’utiliser une des grandes salles municipales dont nous disposons pour cet hommage … et, finalement, c’est le curé qui a mis son église à disposition … en indiquant qu’il serait absent, afin qu’il ne semble y avoir aucune récupération.
A quel niveau de médiocrité est-on tombé quand un maire n’est plus capable de prendre une décision aussi évidente, tout enfermé qu’il est dans un rôle de simple notaire enregistrant des actes administratifs ?
Cet épisode que je vous conte, n’est probablement qu’une illustration anecdotique, même si elle m’a profondément choqué et qu’elle me conduit à mettre un terme à mon engagement municipal avant la fin de mon quatrième mandat, d’une montée de l’irresponsabilité. Le prêtre, dont je me félicite souvent des qualités qu’il démontre, a offert la solution … sans, semble-t-il, que le maire se rappelle que l’église du village est une propriété municipale et que, pour en faire un usage autre que cultuel, il faut avoir l’accord du maire ! C’est ce que j’appelle les grandes retrouvailles de la médiocrité et de l’incompétence … pauvre France.
Jean-Paul Bourgès 21 octobre 2012