L’hiver débute aujourd’hui, sans grand froid mais avec le mois de décembre le plus sombre depuis longtemps à Lyon où nous n’avons eu que huit heures d’ensoleillement depuis le début du mois, contre quatre vingt treize l’année précédente. Il n’est que de voir le confluent de la Saône et du Rhône dans la brume depuis le tout nouveau musée des Confluences pour s’en rendre compte.
Mais ce n’est pas de météorologie que je veux parler aujourd’hui, même si, honteux sûrement, le ciel vient de se peindre d’un beau bleu éclairé par un brillant soleil. Non c’est plutôt d’un événement lyonnais qui exprime bien le brouillard dans lequel nous nous enfonçons de plus en plus.
Sur le plateau de la Croix Rousse, tout près de l’endroit où habitent deux de mes filles, se trouve un internat comme on n’en rencontre plus guère. Cet établissement s’occupe d’une soixantaine d’enfants de six à treize ans, en grande difficulté scolaire pour diverses causes, dont, bien sûr, des causes sociales pour une large part. L’objectif de cet établissement est de mettre un terme à de sérieux décrochages scolaires en préparant les enfants qui y sont accueillis à rejoindre un cursus scolaire « ordinaire ».
La mobilisation d’enseignants et d’éducateurs dédiés à la cause de ces enfants, nécessite, évidemment, de grosses dépenses jusqu’ici couvertes par l’argent de l’Etat et celui de la ville de Lyon.
Mais, comme chacun le sait, désormais l’argent public manque un peu partout et il faut rogner les budgets, avec des économies qui, pour les choses essentielles, sont parfois de cinq ou dix pourcent.
Pour un établissement comme cet « Internat public Adolphe Favre », il n’est donc pas choquant du tout que la participation de l’Etat soit passée de 485.000 euros en 2010, à 200.000 euros en 2014 ! ! !
La ville, sollicitée pour combler la différence, répond qu’avec la réforme des rythmes scolaires l’Etat lui a déjà imposé de gros efforts financiers … et le résultat en est une perspective de fermeture de cet internat à la rentrée scolaire 2015. Les personnels des cantines scolaires de Lyon se sont mis en grève vendredi dernier pour protester … et c’est parce que deux de mes petits-fils étaient concernés par l’absence de cantine que j’ai découvert ce conflit entre l’Etat et Lyon … dont des élèves en difficulté seront les victimes.
Je confirme, le soleil est de retour sur Lyon en ce dimanche, mais nous nous enfonçons dans le brouillard d’une action publique qui oppose un gouvernement « de gauche » à une « ville de gauche », indifférents, tous deux, à une « promesse de gauche » de faire de la jeunesse une priorité absolue.
Jean-Paul Bourgès 21 décembre 2014