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Billet de blog 22 février 2013

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Il faut savoir donner du temps

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… au temps scolaire

De Jules FERRY à Alain PEYREFITTE, le malheureux Ministre de l’Education Nationale de 1968 qui avait bien vu la Chine se réveiller mais n’avait pas vu notre enseignement s’endormir, nous avons pensé que nous avions le meilleur système scolaire du monde !

Ouille, ouille, ouille ! Que la vérité était donc loin de la réalité. Je suis pourtant imprégné de ce système français, tout en étant aussi une illustration de ses faiblesses (J’ai eu une scolarité un peu chaotique surtout en primaire mais jusqu’au bac, qu'on craignait que ne puisse jamais le décrocher). Ma vie a été environnée d’enseignants comme fils, petit-fils, époux, père, beau-frère, neveu, oncle d’enseignants … et en ayant moi-même enseigné, brièvement, en lycée. J’ai, de plus, exercé pendant treize ans les fonctions de maire-adjoint en charge des écoles et j’ai beaucoup aimé cette responsabilité. Dans ce lourd contexte j’ai mis longtemps à me persuader des faiblesses de notre système, dont je suis, aujourd’hui, bien convaincu. Pour autant je reste un défenseur de tous ces enseignants qui n’exercent pas ce métier difficile et mal payé pour disposer de vacances. Les enseignants aiment leur métier et ceux qui affichent un choix fondé sur les vacances sont un peu des amoureux transis qui la jouent « Je t’aime moi non plus ». Ma conviction est nette, la faiblesse de notre système éducatif ce n’est pas notre « corps enseignant » … mais bien les missions qu’on lui donne et les méthodes qu’on lui impose.

Alors pourquoi notre système ne marche-t-il plus ? Les raisons sont multiples et d’une grande complexité et le rythme scolaire y a une part incontestable, mais certainement pas exclusive. Je vais parfois chercher à l’école, après une heure de garderie, c'est-à-dire à 17 h 30, l'un de mes petit-fils qui est en CP. Sitôt arrivé à la maison je dois lui faire faire un peu de lecture et d’écriture. Je le fais, car c’est ce qui est prévu … mais je me demande si l’on est bien raisonnable pour ce petit bonhomme qui a eu sept ans ce mois-ci. Lorsque nous parlons chimie, biologie, zoologie, écologie … son attention est parfaite (Eh oui, sa curiosité touche tous ces domaines, et bien d’autres, où il me demande sans cesse de vraies explications … qu’il retient parfaitement au point de pouvoir les expliquer à d’autres à son tour). Par contre, lorsqu’il faut poursuivre ce qui a fait l’essentiel d’une journée commencée à 8 h 30, je sens que l’overdose n’est pas loin. Je suis donc bien convaincu qu’il faut repenser les rythmes scolaires, mais pourquoi s’imaginer que c’est la seule chose à changer pour que nous repartions de l’avant ?

Les méthodes pédagogiques doivent être revues, le cloisonnement des classes doit être remis à plat, la personnalisation de l’action des enseignants auprès de chaque enfant doit être mise au centre du dispositif car ça n’est que par une action individualisée qu’on sera, de nouveau, capables d’un résultat de masse. Le moindre signe de décrochage doit être aussitôt traité par l’ensemble de l’équipe éducative, l’échec d’aucun enfant ne doit être accepté comme cette fatalité qui conduit, aujourd’hui, à énoncer sans révolte que quatre enfants sur dix entrent en sixième sans savoir véritablement lire !

On nous avait annoncé un quinquennat dont notre jeunesse, en particulier dans le volet éducatif, serait la principale priorité. Cela supposait une fantastique mobilisation générale comme lorsqu’on levait des armées de masse. Au lieu de cela un Ministre, sûrement de bonne foi, s’est précipité sur une réformette de la semaine scolaire avec un retour à la semaine de quatre jours et demi (C’est Xavier DARCOS qui imposa la semaine de quatre jours, en 2008, mais la dégringolade de notre système a commencé bien avant et alors qu’on était sous le régime des quatre jours et demi), sans aucune concertation sérieuse, ni avec les enseignants, ni avec les parents, ni avec les élus locaux sommés de trouver les solutions pour assurer un périscolaire dont l’objectif n’est pas même situé dans une vision d’ensemble.

Soyons clairs, Vincent PEILLON s’est planté. Il a fait un brouillon de réforme ou il a été brouillon dans sa réforme et peu importe. Il ne faut pas changer le Ministre, on a assez perdu de temps. Il doit ranger sa réforme et reprendre le tout en ayant de beaucoup plus amples ambitions. Ça peut être enthousiasmant, ça suppose d’avoir du souffle, ça nécessite de viser un nouveau triple A, au service de la jeunesse, toute la jeunesse du pays européen le moins vieux. Le A d’ambition, le A d’avenir, le A d’action.

Et, comme le disait François MITTERRAND, il faut avoir la sagesse de «  laisser du temps au temps », en s’y attelant dès maintenant … puisqu’il s’agit du long terme.

Jean-Paul Bourgès 22 février 2013

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