Les leçons de cinq ans de mensonges
Il m’est déjà arrivé, rarement il est vrai, de m’apitoyer sur le sort de Nicolas SARKOZY, mais ce soir, c’est plutôt à dégager la morale d’une belle claque que j’ai envie de me livrer. Ce qui ne peut sûrement pas nous réjouir c’est voir à quel niveau se trouve l’amalgame de la droite extrême et de l’extrême droite.
Le prédécesseur de Nicolas SARKOZY avait quasiment théorisé le système sur lequel vécut le président sortant et qui peut maintenant être prochainement sorti. La célèbre phrase fétiche de Jacques CHIRAC était, en effet, la suivante : « Les promesses n’engagent que ceux qui les écoutent ».
Homme pragmatique, peu porté vers la philosophie et guère plus vers la philologie, Nicolas SARKOZY mit en pratique cette belle maxime en 2007, nous faisant même croire que nous pourrions travailler plus et gagner plus. Il s’engageait carrément à aller chercher la croissance avec ces dents qui raclaient la moquette. Grâce à ces balivernes, il entra à l’Elysée comme RASTGNAC allant dîner chez la baronne de NUCINGEN.
Il avait oublié, semble-t-il, que même les plus stupides finissent par comprendre qu’ils sont cocus si un Monsieur se balade à poil dans le domicile conjugal sans aucune gêne apparente de leur épouse.
C’est un peu ce qui vient de se produire en France. A force d’entendre des promesses, toutes manifestement improvisées et toujours oubliées sitôt que proférées, les Français ont enfin compris qu’ils étaient cocus et que ce qu’il leur racontait n’était que boniments.
Sa dernière tentative désespérée de gamin pris en faute a, dans la logique de toute une carrière d’imposteur, consisté en une avalanche de mensonges tous plus éhontés les uns que les autres. Jusqu’à la dernière minute lors de son meeting de Nice, c’est de mensonge … celui qu’il prête aux autres … qu’il aura parlé. Le docteur FREUD nous aurait certainement éclairés sur ce phénomène obsessionnel de déni.
Ces derniers jours on a eu droit à quelques exploits :
- non il n’avait pas promis une centrale nucléaire à KADHAFI … et les communiqués officiels qui prouvent le contraire n’existent que dans l’imagination des journalistes,
- non il n’était pas, étant Ministre du budget de 1993 à 1995, le seul habilité à faire créer une société off-shore destinée au versement des commissions occultes de l’affaire Karachi,
- non il n’a jamais bénéficié d’aucun argent de Mme BETTENCOURT pour financer illégalement sa campagne de 2007 … et d’ailleurs, ce qui en est une preuve incontestable, il n’a que mépris pour ceux qui prétendent le contraire,
- son appartement de l’île de la Jatte a été financé par un prêt auquel les parlementaires ont droit … mais dont on ne trouve pas trace dans les comptes de l’Assemblée Nationale, … etc …
…
et, plus ancien et moins fondamental, mais franchement comique :
oui, il était à Berlin le soir de la chute du mur, comme il est allé à Fukushima pour vérifier si Fessenheim pourrait subir la même catastrophe … au cas où un tsunami remonterait le Rhin …
… arrêtons là le massacre.
Mais, alors, quelle est donc cette morale qu’il me semble indispensable de tirer ?
La première morale se résume à ce qui est en train, en quelques heures, de se produire autour de lui où les rats quittent précipitamment le navire, et que je résumerai par la conjugaison du verbe mentir :
- je mens,
- tu mens,
- il (ou elle) ment,
- …
- ils (ou elles) reniementent.
La deuxième morale c’est que même les cocufiants peuvent être cocufiés à leur tour.
Jean-Paul Bourgès le 22 avril 2012 en soirée