Que reste-t-il de la démocratie ?
Ces derniers jours ont été très denses en événements qui ne peuvent que nous amener à la question du titre de ce billet.
Sans tous les récapituler, je voudrais juste en évoquer quelques uns qui tournent autour du rapport schizophrénique que nous entretenons avec la science et le progrès.
Nous sommes, peut-être, au-dessus d’une superbe réserve de gaz de schiste. Nous avons aussi, peut-être, un risque énorme d’atteinte irrémédiable à nos nappes phréatiques et de détérioration de ces paysages riches et diversifiés qui, avec les bâtiments qui s’y sont intégrés depuis deux mille ans, font de notre pays la première destination touristique au monde.
Deux cent rats nourris avec du maïs transgénique et du Roundup auraient développé des tumeurs dans des proportions inquiétantes. Ces travaux sont-ils probants ou manquent-ils de rigueur scientifique ? Leur auteur est-il totalement indépendant de tout groupe d’intérêt ou est-il financé par des réseaux de distribution fondant leur image sur le « non OGM » ?
Serions-nous le pays ayant le plus de centrales nucléaires par habitant, si nous n’avions pas voulu être une puissance militaire dotée de l’arme nucléaire ? Tout ce qu’on nous raconte sur le coût de notre énergie électrique paraît sérieusement bidonné … à un point tel que nul ne sait plus vraiment que penser.
Tandis que la droite nous livre un spectacle navrant de « guerre des egos »; tandis que Marine LE PEN a fait très fort en proposant d’interdire partout la kippa et le voile islamique; tandis que le Gouvernement vient de tenir une grande réunion sur les problèmes environnementaux; tandis que l’Eglise Catholique mobilise toutes ses forces pour empêcher que les homosexuels puissent officialiser leur amour selon le même formalisme laïc que les hétérosexuels; tandis que les imams des mosquées de France ont démontré leur sens des responsabilités et leur influence sur plusieurs millions de Musulmans … nous n’avons pas entendu que des moyens publics allaient être dégagés pour permettre à des scientifiques d’éclairer les parlementaires sur ces trois sujets en vue de décisions prises dans le respect de l’intérêt général d’aujourd’hui et de demain.
Pendant ce temps se développe une tendance anti-progrès qui, si elle avait quelque pouvoir, nous ramènerait bien vite à un obscurantisme qui accélérerait une tendance au recul de notre rôle dans le concert des nations.
Dans ces conditions à quoi sert ce qu’on appelle la démocratie, qui se résume de plus en plus à un cirque médiatique au moment des élections présidentielles et de leur sous-marque des élections législatives ?
N’est-il pas trop tard pour que la représentation nationale redevienne le lieu où les choses importantes s’étudient et se décident ? L’atonie générale ne me rend guère optimiste. C'est dans des contextes de ce genre que peuvent prospérer les charlatans et les pires démagogues.
Jean-Paul Bourgès 22 septembre 2012