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Billet de blog 22 décembre 2015

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Quand seulement 4 % décrochent le bac

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La Ministre algérienne de l’Education Nationale déplore que sur mille élèves entrant à l’école primaire, seuls quatre pourcent d’entre eux obtiennent le baccalauréat.

Ce taux est, évidemment, très bas, mais il faut remettre les choses en perspective.

J’ai eu le bac en juin 1961 … et nous étions environ trente-mille à avoir obtenu ce sésame d’entrée dans l’enseignement supérieur. A notre époque, que l’on appela celle du « baby-boom », une classe d’âge était de l’ordre de sept-cent-cinquante-mille enfants et nous n’étions donc qu’environ quatre pourcent à avoir atteint ce niveau d’étude.

Il se trouve qu’en 1961 je démarrais donc des études supérieures … alors que l’Algérie se préparait à accéder à l’indépendance après huit années de guerre dont les cicatrices ne sont toujours pas refermées des deux côtés de la Méditerranée.

L’Algérie en est, par conséquent, au taux de bacheliers que nous avions à cette époque. L’effort chez eux n’est pas terminé et, ici, nous devons nous interroger sur ce que signifie le taux actuel de plus de soixante-quinze pourcent de bacheliers lorsque le taux de chômage des jeunes de moins de trente ans se situe au-dessus de vingt pourcent.

Notons juste que l’orientation de Jean-Pierre CHEVENEMENT, Ministre de l’Education Nationale il y a trente ans, amener quatre-vingt pourcent d’une tranche d’âge au bac a été tenue. Voir se concrétiser les engagements des politiques est suffisamment rare, pour le saluer.

Pour en revenir à l’Algérie, un accès massif à un socle culturel commun à l’âge de dix-huit ans est-il compatible avec la situation politique verrouillée par le clan BOUTEFLIKA et avec la menace permanente d’une victoire des Islamistes qui n’ont jamais renoncé au pouvoir que le FIS pensait avoir légitimement conquis il y a vingt-quatre ans ?

L’Algérie est aux mains d’une clique qui gouverne de façon presque occulte, tandis que le Président vieillit dans une profonde déchéance physique et, probablement, intellectuelle. Simultanément, les revenus du pétrole et du gaz ont littéralement plongé, privant ainsi ce pays des moyens nécessaires à une politique éducative dynamique.

L’Islamisme rôde en guettant tous les régimes affaiblis où une bascule vers la nuit de la pensée est possible. Si les fanatiques du wahhabisme l’emportent en Algérie ça sera probablement dû au retard mis à amener toute une classe d’âge au bac. Et ce retard est imputable à la confiscation du pouvoir par le FLN et l’armée.

Aimant l’Algérie et les Algériens, j’en ressens une profonde tristesse.

Jean-Paul BOURGÈS 22 décembre 2015

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