Il y a trois jours, j’avais évoqué la création d’un « Village I2E » à Saint Genis-les-Ollières (I2E signifie Insertion dans l’Emploi et l’Ecole) destiné à des familles Roms jusque là en bidonville dans des conditions totalement indignes. Dans cette affaire exemplaire, la volonté du Préfet du Rhône n’a pas été arrêtée par l’opposition du maire et d’une fraction significative de la population concrétisée par ces six-cents électeurs qui déchirèrent leur carte d’électeur sous les fenêtres du Préfet.
Aujourd’hui, avant-veille de Noël, les premières familles sont arrivées, amenées en car sous escorte de motards de la gendarmerie.
Leur arrivée a eu lieu sous les cris de rejet d’une partie des habitants de cette petite commune située à quatre kilomètres à vol d’oiseau de chez moi.
On peut admettre que des habitants et une municipalité soient opposés à l’arrivée de nouvelles personnes sur le territoire de leur commune et que toutes les voies légales de recours soient utilisées pour cela. Il est aussi parfaitement normal de manifester son opinion, aussi peu ragoûtante soit-elle, en se rendant face à une préfecture pour crier son opposition à une décision préfectorale.
Mais ne porte-t-on pas atteinte à la dignité humaine lorsqu’on oppose des cris de haine lorsqu’un car empli d’hommes, de femmes et d’enfants avance vers le lieu d’hébergement qui leur a été préparé … dans le but de leur faciliter l’insertion dans une société qui, jusque-là, les a rejetés ?
Parmi ceux qui vociféraient, il y a sûrement de bons paroissiens qui dans un peu plus de vingt-quatre heures célébreront la naissance d’un enfant, qu’ils considèrent comme le fils de leur Dieu et Dieu lui-même, dans une grotte de Bethléem. Ont-ils, ces « bons Chrétiens », compris le message que leur religion a tiré des conditions de la naissance de cet enfant ? On peut en douter.
Comment n’ont-ils pas honte de leur attitude … et comment un maire, passant chaque jour sous un fronton où est écrit « Liberté Egalité Fraternité », peut-il se sentir toujours digne de porter une écharpe tricolore ?
Moi, en tout cas, j’ai honte d’être leur concitoyen.
Jean-Paul BOURGÈS 23 décembre 2015