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Billet de blog 24 février 2013

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Enquête auprès d'un spécialiste

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

… de la démission

Ayant une expérience personnelle de la démission, acte par lequel j’ai trois fois en trente ans signifié à trois « patrons » que je n’étais plus d’accord avec eux et que, donc, « je me cassais », je me suis, bien sûr, longuement interrogé depuis le 11 février sur les rapports que Joseph RATZINGER, alias Benoît XVI, entretenait avec sa hiérarchie, c'est-à-dire, pour lui, avec le ciel.

Je me suis donc d’abord dit que celui qui pourrait le mieux m’éclairer serait le CHE, non pas CHE GUEVARA, mais Jean-Pierre CHEVÈNEMENT, seul Français à avoir connu personnellement une résurrection et spécialiste, voire théoricien, de la démission avec la fameuse phrase : « Un ministre, ça ferme sa gueule; si ça veut l'ouvrir, ça démissionne ».

On peut se demander pourquoi Jean-Pierre CHEVÈNEMENT n’a pas été nommé Ministre plus souvent car c’est fameusement commode pour un chef de gouvernement de savoir qu’un Ministre partira de lui-même s’il n’est plus d’accord, alors qu’on est tant habitué à les voir s’accrocher au fauteuil en faisant de pitoyables contorsions pour cacher leur désaccord … sans, pour autant, le laisser ignorer. Le CHE a un splendide palmarès : démission de son poste de Ministre de la Recherche en mars 1983 pour cause de virage libéral sous Pierre MAUROY, démission de son poste de Ministre de la Défense en janvier 1991 sous Michel ROCARD pour cause de participation de la France à la première guerre du Golfe, démission de son poste de Ministre de l’intérieur en août 2000 sous Lionel JOSPIN pour cause de statut accordé à la Nouvelle-Calédonie.

J’en étais là de mes cogitations et de mon enquête Sherlock-Holmesique sur la démission du Pape, quand la lecture d’un article d’Alain RÉMOND dans le n°826 de « Marianne » (Publicité gratuite) m’a soudain éclairé. Joseph RATZINGER est un multi-récidiviste de la démission … comme tout bon démissionnaire doit l’être (Simon-Pierre, futur Saint Pierre, ne démissionna-t-il pas trois fois de l’équipe des apôtres en une seule nuit ?).

Joseph RATZINGER fut enrôlé dans les « Jeunesses hitlériennes » en 1941, comme tous les jeunes de son âge pour qui s’était devenu obligatoire. On ne sait pas quand il en démissionna … mais il n’y était plus cinq ans plus tard, ce qui démontre bien qu’il en démissionna. La première démission est donc certaine mais non datée.

Alain RÉMOND nous explique fort clairement que, quelques années plus tard, Joseph RATZINGER fit partie de cette bande de jeunes prêtres qui furent l’aile marchante de Vatican II. Mais, l’âge venant, Joseph RATZINGER effarouché par mai-68 (L’âge a fait des ravages de façon très prématurée chez lui car, en 1968, il n’avait quand-même que quarante et un an) renia brutalement tout ce qu’il avait soutenu pendant une dizaine d’années et devint l’un des principaux critiques de Vatican II … ce qui, du coup, lui ouvrit la voie de l’épiscopat, du cardinalat et de la responsabilité de la « Congrégation pour la doctrine de la foi ».  Si ça n’était pas une démission, ça y ressemblait beaucoup … nous la lui accorderons car l’intention y était, et c’est bien connu, c’est l’intention qui compte.

Enfin, retrouvant l’usage du latin, manière on ne peut plus claire de confirmer sa démission de Vatican II, Joseph RATZINGER nous a étonnés en démissionnant pour de bon … mais il semble qu’il ait l’intention de rester au cœur de la Cité du Vatican, ce qui promet à son successeur un contexte des plus confortables.

Je compte bien trois démissions … et je me sens en bonne compagnie, entre le CHE et Benoît XVI.

Jean-Paul Bourgès 24 février 2013

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