Merci de m’avoir rappelé qu’en 2002 nous avons mis le même bulletin dans l’urne
Le débat entre François FILLON et Jean-François COPÉ ne m’intéressait que moyennement et, pourtant, je reconnais l’avoir écouté d’un bout à l’autre … au point d’avoir distraitement dégusté une potée auvergnate tout en suivant leur affrontement à fleuret moucheté qui interdisait de faire couler le sang … mais non le sans. Et, surtout, le sans franchise : ils devaient nous persuader qu’ils étaient en profonde admiration devant Nicolas SARKOZY pour caresser les militants de l’UMP dans le sens du poil.
Pourtant l’un a subi douloureusement l’autoritarisme de ce « patron » caractériel pendant cinq ans en se demandant quand son heure viendrait … encore plus que lorsqu’il était l’assistant parlementaire de Joël LE THEULE, qui eut le bon goût d’avoir une crise cardiaque qui ouvrit à François FILLON le chemin du Palais Bourbon dès 1981. L’autre escompta l’échec de Nicolas SARKOZY pour entrevoir la possibilité d’accéder à l’Elysée en 2017, tout en faisant mine de combattre pour qu’il soit réélu.
La politique a de ces détours et de ces contours dont le maître absolu fut TALLEYRAND, qui sut servir tous les régimes successifs de Louis XVI à Louis-Philippe … sans jamais desservir ses intérêts personnels … et sans qu’on puisse affirmer qu’il ait vraiment trahi les intérêts supérieurs de la France !
L’intérêt de l’émission n’était pas dans la révélation de ces intentions profondes … que l’on sait par cœur, mais dans le talent de chacun pour nous empêcher d'entendre autre chose que ce que sa bouche disait.
Tout leur jeu consistait à nous persuader qu’ils étaient aussi représentatifs de l’ensemble de la droite … tout en étant différents … et, pourtant, inséparables. Je ne sais si vous avez suivi les méandres filandreux de la formulation ci-dessus ? En ce qui me concerne, je ne suis pas sûr de ne pas m’y perdre moi-même.
J’ai, quand-même, retenu quelques différences.
Si le « mariage pour tous » est voté, François FILLON l’appliquerait en acceptant de célébrer ces mariages s’il était maire, mais proposerait au Parlement de revenir à la situation antérieure s’il accédait un jour à l’Elysée. Jean-François COPÉ chargerait ses adjoints à la mairie de Meaux de célébrer ces mariages. L’un accepte le contact avec la réalité française … l’autre la laisse à ses collaborateurs.
Jean-François COPÉ dit son opposition au FN … mais elle résulte surtout d’une rivalité commerciale sur un fonds de commerce que deux enseignes se disputent où l’une dit « Je lave plus blanc » et l’autre dit « Avec moi le linge est plus doux à votre peau ». François FILLON exprime en quoi le programme du FN n’est qu’un attrape-couillon et il relève le caractère odieux et inadmissible de la Shoah réduite à « un détail de l’Histoire de la deuxième guerre mondiale ».
Mais cet accès de sincérité est aussitôt réduit à néant quand il situe sa différence avec Jean-François COPÉ dans le fait qu’il n’adhère pas vraiment au « ni FN, ni PS » de Jean-François COPÉ puisqu’il s’est déjà rallié au « front républicain » … en votant pour Jacques CHIRAC en 2002.
Doucement Monsieur FILLON, arrêtez de nous prendre pour des demeurés … ce sont ceux, de gauche, qui ont manifesté un comportement de démocrates en soutenant le « front républicain » par leur vote pour Jacques CHIRAC au deuxième tour … et non les membres du parti de Jacques CHIRAC … dont on peut penser qu’ils avaient voté pour lui dès le premier tour.
Ça n’est pas bien de nous traiter comme des benêts. Entre François et Jean-François, mon cœur ne balance donc pas vraiment … c’est l’échec de la droite quand elle était au pouvoir qui est actuellement le problème de la gauche et de tous les Français. L’impudeur de ces tous petits messieurs n’y changera rien.
Aujourd’hui ils nous expliquent que la France est dans un état épouvantable … espèrent-ils vraiment que nous ne savons pas que nous sommes encore en 2012 et qu’ils n’ont été chassés du pouvoir que depuis cinq mois ? La situation actuelle est le fruit de leur action et de nul autre. Même un prestidigitateur de grand talent ne peut ainsi escamoter la réalité.
Jean-Paul Bourgès 26 octobre 2012