Un premier bilan de 2012 ...
Plus que cinq jours avant que l’année se termine. Je cède au besoin de regarder vers l’arrière … avant de me projeter bientôt vers l’avenir.
Les aspects les plus personnels, c'est-à-dire à mon âge bien sûr ce qui concerne mes filles, leurs compagnons et enfants, sont évidemment les premiers qui viennent à mon esprit et l’année fut lourde avec la confrontation à « la » maladie.
Mais, ici, c’est sur ce qui fit la matière de plus de cent cinquante billets, que je veux porter mon regard.
Nous avions vécu depuis cinq ans en éprouvant presque chaque jour la honte d’être Français et la conviction qu’au-delà d’une manipulation éhontée des médias, nous nous enfoncions dans une profonde régression. Après que le hérault annoncé de la gauche ait dû quitter à la fois la direction du FMI et toute prétention présidentielle en mai 2011, on vit François HOLLANDE prendre une réelle épaisseur lancée au discours du Bourget, jusqu’à l’impérieux « Moi, Président de la République je … » où il terrassa un sortant sur la défensive. Au soir du 6 mai, nous avons pu tourner une page. Sommes-nous certains d’avoir changé de politique ? Rien n’est moins sûr, mais nous espérons encore échapper à la honte permanente … ce qui nécessiterait que Jérôme CAHUZAC ait le temps de se consacrer à la défense de son honneur.
Pendant de longues semaines nous avons vu un pitre, Mitt ROMNEY, monter progressivement jusqu’à sembler pouvoir remplacer Barack OBAMA à la présidence des USA. Malgré une première présidence en demi-teinte, l’Amérique laissa le richissime mormon à ses idées d’un autre temps. La fracture entre une Amérique tournée vers le progrès et un conservatisme délirant semble, cependant, toujours aussi irréductible et il y a de quoi s’inquiéter quand on sait à quel blocage institutionnel peut se livrer le parti Républicain au risque de provoquer d’ici quelques jours une crise peut-être pire que celle de 1929.
Un peu partout en Europe la foi dans cette construction d’un nouveau monde pour notre vieux continent, cède la place au mieux au scepticisme, au pire à la résurgence de pensées nationalistes et populistes comme en Hongrie, en Pologne, en Roumanie, en Grèce … mais aussi en Belgique, où Anvers a désormais un maire particulièrement extrémiste, ou même aux Pays Bas et en France avec Marine LE PEN et Jean-François COPÉ. L’Europe s’enferre dans l’application d’un catéchisme ultra-libéral dont, pourtant, chaque jour démontre la complète inefficacité. C’est ce catéchisme qui a abouti à demander à Arnaud MONTEBOURG d’oublier l’usage de l’arme de la nationalisation … car il y a, paraît-il, des règles à respecter, même au profit de ceux qui ne connaissent d’autre règle que leur intérêt immédiat.
La Syrie entamera bientôt sa troisième année de soulèvement contre le régime de Bachar El ASSAD et Vladimir POUTINE ne l’a pas encore lâché … mais il imagine que l’avenir pourrait se construire sans son grand ami. Combien de morts faudra-t-il encore et comment l’ensemble du Proche-Orient se relèvera-t-il ?
Les régimes qui ont remplacé les dictateurs en Egypte, en Libye, en Tunisie à l’occasion des « printemps arabes » peinent à trouver un point d’équilibre. Rappelons-nous qu’entre 1789 et l’instauration d’un régime démocratique, il nous fallut plus de quatre vingt ans. Les soubresauts actuels n’ont rien d’étonnant … mais ils sont un vrai sujet d’inquiétude pour ceux qui aiment ces peuples.
Lors de son voyage en Algérie, François HOLLANDE en a dit plus que tous ses prédécesseurs réunis sur l’histoire des relations entre nos deux pays et il l’a dit sur un ton de vérité. La reconstruction de relations normales entre la France et l’Algérie peut se poursuivre, mais pourra-t-on aller aussi loin que nécessaire tant que l’Algérie, elle-même, n’aura pas tourné la page d’une histoire bien peu démocratique ?
Vraiment 2012 aura été une année étrange, faite d’espoirs, de craintes, de déceptions. Dans un autre billet d’ici le 31 décembre, je m’efforcerai de positiver davantage en parlant des espoirs pour 2013.
Jean-Paul Bourgès 26 décembre 2012