… voici venu le temps de la délibération
Le « mariage pour tous » suit le déroulement d’un procès. Il y eut la lecture de l’acte d’accusation par ceux qui s’opposaient au projet; il y eut l’interrogatoire; on entendit ensuite un nombre considérable de témoins et d’experts (Qui, comme tous les experts, avaient des certitudes totalement contradictoires); on eut un considérable défilé des « anti-mariage pour tous » où se retrouva, pour l’essentiel, la France de droite et catholique qui prononça alors un réquisitoire impitoyable où les mérites du PACS furent chantés par ceux qui l’avaient combattu quinze années auparavant; et l’on eut hier la parole à la défense avec la manifestation, fort imposante elle aussi, où s’exprimèrent ceux qui soutiennent ce texte sur lequel le peuple Français s’est déjà prononcé par référendum en élisant François HOLLANDE qui en avait fait l’un des points de son programme (Et un sondage récent sur ce sujet montre un accroissement sensible du nombre de ceux qui approuvent ce projet à environ soixante pour cent).
C’est maintenant l’heure de la délibération du jury qui a suivi avec attention toutes les étapes rappelées ci-dessus.
Eh oui, n’en déplaise à ceux qui voudraient rebattre les cartes en faisant trancher la question par un deuxième référendum, la parole est désormais au Parlement qui va, conformément à sa fonction principale, faire la Loi en votant.
A la différence de la délibération d’un jury qui se déroule à l’abri des regards et dans le calme requis par les décisions graves, la délibération du Parlement s’annonce dans le tohu-bohu de plusieurs milliers d’amendements déposés par ceux qui, ne cherchant qu’une occasion de nouvelle vie politique, veulent jouer là un troisième tour de l’élection présidentielle dans un tourbillon de surenchères. Espérons que cela ne brouillera pas un débat qui devrait être empreint de gravité et d’élévation de l’esprit entre les partisans de la conservation de l’ordre établi et de sa soumission aux préceptes religieux, et les tenants d’une France laïque, progressiste (Elle ne ferait que rattraper le train de plusieurs pays européens comme la catholique Espagne ou la parpaillote Hollande), et fidèle aux trois termes de sa devise Liberté, Egalité, Fraternité.
J’ai confiance mais, me rappelant le précédent du 9 octobre 1998, où la présence dans l’hémicycle de moins de députés de gauche que de députés de droite avait fait reporter d’une année l’adoption du PACS, je crois qu’il va falloir être très vigilants et bien dire aux députés socialistes qu’ils jouent leur crédibilité sur ce texte qu’ils doivent voter à l’unanimité et sans faire jouer la moindre « clause de conscience » … n’en déplaise au Président de la République.
Jean-Paul Bourgès 28 janvier 2013