L’UMP se pose les bonnes questions … enfin !
Dans un billet récent j’indiquais la nécessité d’aider la droite à reprendre sa vraie place dans le jeu politique de notre pays, où confondre droite et extrême-droite était inacceptable pour tous les démocrates.
A l’intérieur de l’UMP mais de préférence lorsque des micros curieux s’approchent, par écrit, par ricochet ou en tir plongeant … les langues se délient, chacun y va de ses ressentiments à l’égard de ceux qui ont entraîné un Président, qui n’était qu’un produit marketing sans aucune conviction personnelle, vers l’une des pires sorties de routes que l’on ait connue depuis longtemps.
Roselyne BACHELOT explique à quel point elle a été malheureuse de devoir se taire devant les dérives sarkozyennes et elle cite ses amis Ministres qui souffraient comme elle (Ils doivent être heureux d’être caftés …), Jean-Pierre RAFFARIN explique tout le mal qu’il pensait de la droitisation en direction du FN, Nathalie KOSCIUSKO-MORIZET explique que Patrick BUISSON voulait faire gagner Charles MAURRAS plutôt que Nicolas SARKOZY ! ! !, même Benoist APPARU, le bon petit soldat par excellence, explique qu’il n’était pas d’accord. Quant à François FILLON et Alain JUPPÉ, fidèles à leur rôle habituel qui les enferme dans un mutisme distingué, ils se taisent … ce qui est la manière la plus éloquente pour faire part de leur désaccord avec la politique suivie par leur ancien patron.
La conclusion la plus nette est celle qui a été tirée par Fabienne KELLER qui propose d’élever une grande muraille entre les idées du FN et celles de l’UMP.
L’échec de cette stratégie qui vit un « Président de tous les Français » draguer de façon éhontée le FN en ignorant superbement … voire en moquant ceux qui étaient révulsés, n’est pas tellement marqué par le score de l’élection présidentielle où l’écart avec François HOLLANDE fut faible, mais par le trouble profond qui s’empare maintenant de l’UMP qui me fait penser au « radeau de la Méduse ».
S’être égaré sur le terrain du FN n’était pas qu’une erreur politique, c’était une lourde faute morale dont les raisonnements vaseux (Le PS gouvernera probablement avec le Front de Gauche … alors qu’ils ne nous reprochent pas notre proximité avec le Front National) ne pouvaient dissimuler la supercherie visant à récupérer les voix du FN au prix d’un reniement des valeurs traditionnelles d’une droite qui, probablement à l’occasion de la guerre de 14-18 commençait à devenir républicaine puis confirma ce positionnement après le naufrage de la collaboration pétainiste et ses errements des années où les « Croix de Feu » tinrent le haut du pavé.
Il faut espérer que ces frémissements de retour aux valeurs se confirmeront rapidement et que nous pourrons tenter d’oublier des paroles aussi pestilentielles que la hiérarchie des civilisations ou la stigmatisation des Roms.
Dans les tourmentes qui s’annoncent, le pays a besoin d’être plus que jamais uni autour des valeurs républicaines, ce qui n’est nullement contradictoire avec l’existence d’une majorité et d’une ou plusieurs forces d’opposition.
Que vienne donc très vite l’érection du mur proposé par Fabienne KELLER.
Jean-Paul Bourgès 28 juin 2012