OBAMA de l’idole au Président
Quatre ans, quatre années seulement … et nos amis d’outre-Atlantique doivent de nouveau désigner celui qui dirigera le pays qui ne sera bientôt plus la première puissance mondiale.
En 2016 il est à peu près évident que la Chine aura dépassé les USA et il est permis de rêver en imaginant que l’Europe aura suffisamment avancé dans son processus d’unification pour que l’on sache que, depuis déjà des années, elle est la première puissance mondiale et qu’elle se comporte enfin comme telle sur la scène mondiale.
De ce fait, en 2016, le successeur de Barack OBAMA ou de Mitt ROMNEY n’accèdera pas à la présidence de la première puissance mondiale … mais de la deuxième ou, plus vraisemblablement, de la troisième.
Le XXème siècle aura été le grand siècle de l’Amérique, d’où vint l’innovation industrielle du taylorisme et de la production de masse, la première crise économique mondiale et son cortège d’atrocités induites dont le plus grand abaissement de l’humanité que fut le nazisme, l’écrasement de cette monstruosité par la force mécanique blindée, aérienne et logistique venue d’outre-Atlantique avec, en Asie, l’usage de la bombe atomique, puis la domination technico-culturelle qui se traduisit par l’effacement du modèle marxisto-soviétique devant un capitalisme qui parut alors invincible.
En 2008 le monde se réveilla, le 4 novembre, en prenant conscience que les Etats-Unis avaient tourné la page de l’époque Georges W BUSH en élisant à la Maison Blanche le premier Président noir de leur histoire. L’OBAMA-mania déferla alors, surtout en Europe et spécialement en France, où l’on adore ce genre de transgression des codes sociaux, à condition que cela se produise à l’étranger.
On attendait de lui des miracles, il fallait que David ne terrasse pas seulement Goliath, mais aussi qu’il vainque l’hydre à multiples têtes d’une crise multiforme, qu’il réconcilie aux USA les tenants d’un capitalisme sans frein et ceux que ce « modèle économique » condamne à la misère. Il s’est contenté de tenir bon en face d’Al Qaïda, jusqu’à l’élimination de BEN LADEN, et de faire, enfin, passer une loi ouvrant à tous ses concitoyens une protection sociale qui, chez nous, apparaît comme évidente. Ça n’était pas si mal, mais ça n’a guère entraîné l’enthousiasme des Américains puisque, dans quelques jours, Barack OBAMA ne sera, peut-être, qu’un président sortant. Pourquoi ce désamour ?
La raison fondamentale c’est que l’Amérique, au XXIème siècle, n’est plus un phare du monde … mais un pays qui s’enfonce progressivement dans la décadence tandis que l’Asie (Chine, Inde, Japon, Corée etc …) domine de plus en plus et que l’Europe, comme tétanisée devant ses immenses possibilités, est atteinte de mutisme et envisage sans réagir de ne devenir que la première destination touristique de ceux qui nous remplacent sur la scène économique. Dans ce contexte l’Amérique prend conscience de ce qu’elle n’est plus si puissante et elle nous fait « une petite déprime ». Ira-t-elle jusqu’à confier sa conduite à un richissime Mormon, dont le conservatisme est inimaginable chez nous ?
C’est tout à fait possible … et après deux mandats REAGAN, un BUSH père et deux BUSH fils, l’Amérique nous a déjà montré, en trente deux ans, une propension majoritaire au conservatisme qui a provoqué des ravages humains et économiques épouvantables. Dans ces élections d’outre-Atlantique le pire n’est jamais exclu.
Jean-Paul Bourgès 28 octobre 2012