Opération portes ouvertes
Ayant préservé son triple A (Arrogant, Avide, Arriviste) l’UMP a décidé de valoriser ce titre de plus en plus rare - même l’Allemagne n’est plus sûre d’en disposer longtemps - en lançant une vaste « opération porte ouverte ». Le seul petit ennui, un « détail de l’Histoire » comme dirait un grand connaisseur des conflits qui font beaucoup de victimes, c’est que la porte en question n’est pas ouverte pour permettre de la franchir en entrant … mais vers une sortie précipitée et l’impatience à l’intérieur est telle que certains n’attendent même pas l’ouverture de la porte et sautent par la fenêtre (Les soldes à l’envers).
Voir l’opacité traditionnelle de l’UMP (« nous nous entendons tous très bien et chez nous il n’y a pas d’ego mais uniquement des égaux », « nos comptes sont absolument cleans et aucun juge d’instruction ne nous a jamais mis en défaut … ou presque », « le financement de nos campagnes n’a jamais rien dû à des générosités de leaders étrangers » …) remplacée par un déballage tel qu’un ancien Premier Ministre a cru pouvoir parler de « mafia », cela trouble les naïfs comme moi qui croyaient encore que l’UMP perpétuait le gaullisme.
Il faut dire qu’au-delà de propos évoquant la « cosa nostra » qui pourraient suggérer un manque d’intégrité, dont je laisse la responsabilité à cet ancien Premier Ministre, il est encore plus troublant de voir que la personne qui a été proclamée élue en tant que Secrétaire Générale de l’UMP aux côtés de Jean-François COPÉ (Le « ticket » comprenait Jean-François COPÉ, Luc CHATEL et Michèle TABAROT), est la fille d’un ancien de l’OAS et qu’elle n’a jamais pris de distance par rapport à ce passé … bien au contraire, puisqu’elle a même tenté d’obtenir du Parlement que les années de clandestinité au sein de l’OAS soient prises en compte pour calculer une retraite !. Quand on se rappelle les crimes commis avec des pains de plastique par l’OAS, en Algérie et en France, on ne peut qu’admirer la plasticité politique de ceux qui lui confient ainsi un rôle de premier plan. Pauvre Général DE GAULLE, il doit s’en retourner dans sa tombe.
Cette ironie me pèse lourd car, si pour la génération précédente le Général DE GAULLE est l’homme de la Résistance, pour moi - qui suis né une semaine avant le moment où il descendit les Champs Elysées juste désertés par les nazis - il est celui qui a su conduire en peu de temps la décolonisation … et, particulièrement, la fin de la guerre d’Algérie lorsqu’il revint au pouvoir en 1958. La droite ne voulait pas la décolonisation, la gauche n’avait pas eu le courage de la vouloir. Il sut, seul, la conduire au risque de sa vie à laquelle attentèrent à de multiples reprises les ultras de l’OAS. Chaque fois que je vois les lâches oublier leur inconsistance, ou les ennemis de ce nouvel équilibre entre les peuples ressasser leurs haines, j’ai un haut le cœur. L’évolution d’une grosse partie de l’UMP vers le Front National me révulse … qu’ils se précipitent donc par la porte ou par les fenêtres … cette tendance extrême trouvera toujours, je l’espère, une majorité de Français pour lui fermer la porte au nez ... ne serait-ce que dans un « Front Républicain » comme en 2002.
Quant aux plus modérés, que cette opération « portes et fenêtres ouvertes » leur permette de se dégager de cette atmosphère de miasmes putrides qui n’a pas pu être agréable à leurs poumons. Qu’ils retrouvent donc leur place dans un échiquier politique où être de droite n’est pas plus une indignité nationale qu’être de gauche. On peut avoir des points de vue différents sur les priorités nationales … et ne pas se haïr. Mais on ne peut cohabiter avec ceux qui récusent l’idée que l’on se fait de l’Homme.
Les extrêmes, à l’occasion de cette ahurissante élection du président de l’UMP, sont sortis du bois. Souhaitons qu’un nombre significatif d’entre eux soient aussi sortis du buisson.
Jean-Paul Bourgès 28 novembre 2012