Jean-Paul Bourgès (avatar)

Jean-Paul Bourgès

Retraité actif

Abonné·e de Mediapart

1336 Billets

0 Édition

Billet de blog 29 novembre 2015

Jean-Paul Bourgès (avatar)

Jean-Paul Bourgès

Retraité actif

Abonné·e de Mediapart

«Je fais toujours la guerre …»

Depuis le début de son quinquennat, alors que l’on n’attendait guère le « Président normal » sur ce terrain, nous avons un Président « qui fait la guerre ».

Jean-Paul Bourgès (avatar)

Jean-Paul Bourgès

Retraité actif

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Le 8 mars 1918, attaqué par Pierre RENAUDEL qui dirigeait alors la SFIO, Georges CLEMENCEAU conclut une longue intervention à la tribune de la Chambre des Députés par une phrase restée célèbre : « Ma politique étrangère et ma politique intérieure, c'est tout un. Politique intérieure, je fais la guerre ; politique étrangère, je fais la guerre. Je fais toujours la guerre ».

Depuis le début de son quinquennat, alors que l’on n’attendait guère le « Président normal » sur ce terrain, nous avons un Président « qui fait la guerre ».

Lui qu’on décrit et qu’on sent indécis lorsqu’il s’agit d’arbitrer entre deux de ses ministres, conservant ainsi une équipe où l’on vit dès le début l’opposition de ligne politique entre Manuel VALLS, ministre de l’Intérieur, et Christiane TAUBIRA, ministre de la Justice ; ou laissant Emmanuel MACRON multiplier les provocations néo-libérales contre les positions de plusieurs de ses collègues et à rebrousse-poil de l’électorat du 6 mai 2012, … lui, qui semble continuer à naviguer entre des courants contraires comme lorsqu’il dirigeait le PS, il lance des Rafales en quelques heures, sans même consulter le Parlement avant d’annoncer que le pays va faire la guerre. On l’a vu au Mali, on le voit de nouveau contre Daesh.

Pour beaucoup d’entre nous, le mot « guerre » est synonyme de grandes souffrances des populations civiles qui paient toujours un bien lourd tribut, lors des opérations de bombardement, dont les gouvernants et les militaires ennemis savent se protéger bien mieux que les civils au milieu desquels ils sont installés. On ne peut ignorer que les ordres de commettre les attentats de Paris et Saint Denis ont été donnés par les responsables de Daesh qui ont installé leur commandement à Raqqa. Dès lors l’Etat terroriste qui s’est installé là ne peut pas échapper à une réponse militaire destinée à anéantir sa dangerosité … même si l’on peut douter qu’une idéologie puisse être extirpée par des bombes.

Malgré mes doutes sur l’efficacité de la méthode, je ne conteste donc pas le caractère inéluctable d’un conflit armé contre Daesh, ni sur la nécessité qu’une large coalition y participe. Je m’étonne, par contre, que le chef de l’Etat ait parlé immédiatement de guerre, dès la nuit du 13 au 14 novembre.

Déclarer la guerre, ne serait-ce pas pour les hommes politiques usés, l’équivalent du VIAGRA pour les hommes âgés mais amoureux à la vigueur chancelante ?

Une fois estompé l’enthousiasme actuel d’une population d’autant plus chauffée à blanc qu’il s’agit de casser des islamistes, que beaucoup assimilent à l’ensemble des Musulmans, il restera le chômage qui est reparti à la hausse, quelques désordres liés à la corruption de trop nombreux élus, la montée du FN qui paraît surfer sur l’anti-islamisme en disant « Nous l’avions bien dit … ».

La guerre, c’est comme le VIAGRA, ça ne provoque qu’une vigueur temporaire, ça ne supprime pas les problèmes … et ça en ajoute de nouveaux. Et le « Chef de guerre » redevient alors ce qu’il était avant … pour François HOLLANDE chacun peut donc déjà imaginer ! Plus dure sera la chute.

Jean-Paul BOURGÈS 29 novembre 2015

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.