… et voie en impasse
Jean-François COPÉ et François FILLON enterrent, très provisoirement, la hache de guerre entre eux et publient un communiqué commun.
Quelle leçon en tirer ?
Sûrement pas que le destin du pays est en jeu … jamais aucun d’entre eux ne voudrait laisser à l’autre le statut si envié de « statue du Commandeur ». Non il ne s’agit que de prendre parti contre notre pays, au profit de la finance internationale et de sa terne porte-parole, Angela MERKEL. Alors, là, pas d’hésitation, dès qu’il s’agit de faire un mauvais coup, les deux affreux de toute classe primaire savent faire taire leur rivalité pour réussir une petite saloperie.
Je ne détaillerai pas le contenu du communiqué qu’ils ont signé ensemble … sauf cette phrase stupéfiante où ils osent dire que : « la relation si particulière entre la France et l’Allemagne » … « n'a jamais été conçue comme un alignement systématique des positions françaises et allemandes dans tous les domaines ». Quand on se rappelle le petit caniche qui s’efforçait de câliner Angela pour mieux masquer qu’il lui obéissait … comme un toutou, on croit rêver.
Le problème est de moins en moins que « la voix de la France soit inaudible », mais de remarquer que cette voix n’est plus unique, et qu’elle fait, au contraire, désormais partie d’un choeur où le bel canto d’Enrico LETTA est venu ajouter le registre d’un ténor qui, de Rome, entonne la même chanson, concrétisée par cette formule alors qu’il venait de prêter serment : "L'Italie se meurt par la faute de la seule austérité".
Oui, les frères ennemis, ceux qui se traitaient mutuellement de tricheurs et envisageaient d’en recourir aux tribunaux pour les départager, réconciliés l’instant d’une morsure contre la France, sont, à ce point rongés de pensées vengeresses, qu’ils n’ont pas même pris conscience que c’est d’un peu partout, en Europe, que monte l’exaspération, non contre l’Allemagne heureusement, pas non plus même contre Angela MERKEL, mais contre cette voie en impasse qui finira par tuer le malade qu’elle était sensée guérir.
Contester la politique d’austérité en Europe, ça n’est pas être contre l’Europe, ça n’est pas être germanophobe, c’est vouloir éviter une catastrophe que les extrêmes guettent avec gourmandise, comme une hyène surveille un troupeau de gnous, en attendant qu’un premier animal trébuche sur une souche dépassant du sol. C’est, en effet, toujours sur le malheur des peuples que les partis nécrophiles et nécrophages ont prospéré, en attisant la haine et en semant la graine du rejet de l’autre, revêtu des oripeaux de ceux qui sont coupables de tous les malheurs. Après les Juifs sous le nazisme, les Arabes pourraient bien jouer ce rôle désormais.
Les Etats-Unis, dont l’économie semble repartir (D’où l’envol du CAC40 qui permet à certains de s’enrichir en dormant, selon une célèbre formule de François MITTERRAND) et qui nous demandent de relancer nos économies pour ne pas ralentir la leur, les travailleurs allemands dont les sacrifices sur l’autel de l’austérité ont atteint la limite du tolérable, les Européens du Sud qui ne tiendront plus longtemps aux portes du soulèvement populaire, les Français, les Italiens … et même les Anglais … tous demandent une politique de relance, comme un individu, en apnée depuis plusieurs minutes, se débat pour aspirer de l’air avant, sinon, de plonger dans le coma.
Tel est le vrai sujet, et non une critique stérile de nos amis d’outre-Rhin, qui sont à la fois nos principaux fournisseurs et nos principaux clients.
A quel degré, proche du zéro absolu de la politique politicienne, faut-il que ces deux individus soient arrivés pour ne pas comprendre cela et renoncer à venir faire trembler le troupeau avec leurs ricanements de carnassiers charognards !
Jean-Paul Bourgès 30 avril 2013