Une santé à surveiller
Dans « Le Point », Alain DUHAMEL a publié, il y a quelques semaines, un papier sur le manque de transparence à propos de la santé des Présidents sous la Vème République. Il est de fait qu’il n’y a que pour les deux Présidents dont la santé était bonne, Valéry GISCARD d’ESTAING et Nicolas SARKOZY, que nous avons vraiment su qu’il n’y avait rien à savoir. Cet état de fait, ou plutôt ce faîte de l’Etat, est dénoncé par de nombreuses personnes et Alain DUHAMEL le qualifie de « sérieux problème de démocratie ».
Ce mode de raisonnement m’étonne énormément de la part de commentateurs aussi avertis qu’Alain DUHAMEL qui cède, là, à la mode et à la facilité éditoriale. De tous temps des dirigeants ont été affectés par de sérieuses atteintes à leur santé, sans que cela les empêche de gouverner. Jules CÉSAR était épileptique mais conquit quand-même la Gaule, puis le pouvoir absolu à Rome; Charles QUINT souffrait de la goutte … et je sais que c’est douloureux … et il était probablement atteint de dépression nerveuse … ce qui ne l’empêcha pas de léguer à son successeur un empire sur lequel le soleil ne se couchait jamais; Napoléon BONAPARTE ne cachait guère son mal à l’estomac puisque sa main passée dans le gilet la désignait à ses contemporains et il avait aussi toute sorte d’autres faiblesses physiques … mais il chamboula toute l’Europe en moins de quinze ans; Franklin ROOSEVELT fit trois mandats complets et mourut au début du quatrième, en étant paralysé par la poliomyélite depuis longtemps et en souffrant d’hypertension … ce qui ne fit pas obstacle au redressement économique des USA par le New Deal ni, surtout, à la conduite de la deuxième guerre mondiale jusqu’à la chute d’HITLER qui se produisit moins d’un mois après sa mort.
Chez nous, qui peut dire que Georges POMPIDOU n’assura pas sa fonction jusqu’au dernier jour, ou que François MITTERRAND ait laissé son cancer de la prostate l’éloigner de l’exercice de ses responsabilités ?
Cessons donc de situer le caractère démocratique de notre fonctionnement politique là où ne se pose donc aucun problème … tandis que savoir la vérité sur la santé économique et sociale du pays est une chose bien difficile semble-t-il.
Nicolas SARKOZY se portait bien et n’avait donc pas grand-chose à cacher sur ce plan … mais il réussit à dissimuler la réalité de la santé économique de la France… au point que c’est un mois après son passage de relais à François HOLLANDE que l’on sut que notre pays était celui qui avait le moins assaini ses finances publiques. C’est aussi après l’élection présidentielle que de grands noms du CAC40 sortirent des plans sociaux qui tombèrent en rafale sur leurs salariés comme à Gravelotte.
C’est cette santé là qui ne devrait tolérer aucun camouflage et je me demande si se focaliser sur la santé des dirigeants n’a pas pour seul objectif de nous détourner de l’essentiel.
Jean-Paul Bourgès 30 juin 2012