François HOLLANDE a-t-il vraiment détruit le pays en cent jours ?
On essaye de nous faire croire qu’après dix années sarkozystes de travail laborieux, sans avoir aboli les « 35 heures » pourtant supposées fautives de tous les maux passés et futurs, c’est le futur qui est responsable du passé. On veut nous faire avaler que la droite avait, dans un monde à la dérive, réussi à préserver notre pays comme un îlot de prospérité. Certes Johnny n’avait pas décidé de revenir vivre en France, et Bernard ARNAULT avait déjà entamé les démarches pour devenir Belge. De grandes entreprises, dont les dirigeants cotisent au « Premier Cercle de l’UMP », n’avaient pas conçu, nous dit-on, les plans de licenciement que, sitôt François HOLLANDE élu, ils sortirent de leur chapeau. Quelle réactivité ! Alors qu’on sait bien que de tels plans mûrissent lentement et, en bien plus de six mois en tout cas.
On voudrait que l’on gobe que la France n’était pas du tout un Etat en faillite quand les électeurs confièrent la conduite du pays à la gauche en installant François HOLLANDE à l’Elysée (Pourtant, dès septembre 2007, après déjà cinq années de droite au pouvoir, François FILLON nous déclarait en faillite … et ça s’est aggravé depuis).
Certes, en cinq ans, Nicolas SARKOZY a réussi cette performance d’endetter le pays de 120 milliards d’euros de plus chaque année. Lui, qui fut en fin de mandat le chantre de l’équilibre budgétaire lorsqu’il sentit qu’il ne serait pas réélu et qu’il n’aurait pas à se soumettre à cette règle d’airain sinon d’or, il s’était rendu à Bruxelles dès le début de son quinquennat pour indiquer qu’il ne se sentait plus tenu par la limite de 3% du PNB fixée par le traité de Maastricht. C’est aussi pendant son quinquennat, aussi désastreux sur le plan économique que sur le plan social ou moral, que les délocalisations s’accélérèrent et que se creusa le déficit de compétitivité entre la France et l’Allemagne sans que, pour autant, le pouvoir d’achat des travailleurs se soit accru.
Moins de cinq mois après avoir été élu, François HOLLANDE et l’équipe de Jean-Marc AIRAULT ont présenté le premier budget marqué, à la fois, de volonté de rétablissement des finances publiques et d’un premier rééquilibrage fiscal faisant peser le plus gros de l’effort sur les plus favorisés. Le projet de budget est incontestablement un budget de gauche, autant par le choix des dépenses qu’il sanctuarise, que par ceux qu’il appelle à contribuer davantage.
Si certains, habitués au comportement du bonimenteur qu’ils avaient laissé accéder à l’Elysée en 2007, croyaient que François HOLLANDE ferait des miracles … je comprends qu’ils soient déçus et je ne m’étonne pas de la mise en avant de ce sentiment par les médias qui s’étaient tant vautrés devant Nicolas SARKOZY.
Mais il n’y pas de place pour les miracles.
Rappelons-nous d'où l'on vient. Le bilan de Nicolas SARKOZY c'est : une dégringolade commencée dès le début du quinquennat par une scandaleuse loi TEPA vidant les caisses de l’Etat au profit des plus riches; une amplification, dix huit mois plus tard, par la crise financière que le génial Georges W BUSH laissa s’enclencher sans rien tenter; une crise de la dette où, avant de stigmatiser la Grèce, il aurait d’abord fallu s’interroger sur l’endettement de la France et de l’Allemagne ... et, pour finir : une honteuse manipulation des chiffres vers la fin du quinquennat, où avec la complicité des dirigeants du CAC40 qu’il avait tant servis, on fit croire qu’ARCELOR-MITTAL ne fermerait pas Florange, que PSA conserverait l’usine d’Aulnay ou que DOUX était une qualité et non le nom d’une scandaleuse faillite.
Non, il n’y aura pas de miracle, mais un véritable chemin de croix pour remonter lentement la pente en rétablissant progressivement un peu plus de justice sociale.
Mais, quand on a laissé la France si bas, ne peut-on se taire au moins quelques mois, ou années, avant de donner des leçons ?
Jean-Paul Bourgès 30 septembre 2012