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Billet de blog 30 décembre 2012

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La montée des eaux

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… noya l’entrée de la grotte Cosquer

Il y a bien peu de temps, l’épaisseur d’un trait de crayon dans l’histoire de la terre, environ trois cent fois mon âge seulement, l’entrée de la Grotte Cosquer se faisait à sec et à une altitude de plus de soixante dix mètres au-dessus du niveau de la Méditerranée. Puis la calotte glaciaire, qui couvrait largement l’Europe, fondit, le niveau de la mer monta de presque cent vingt mètres … enfermant cette cathédrale de l’art pariétal au bout d’un long couloir sous-marin qui fut redécouvert il y a moins d’un quart de siècle par des plongeurs amateurs de sensations fortes le long des calanques de Marseille.

Mais pourquoi donc cette évocation ?

Après le ciel qu’il nous faut regarder pour capter certaines évidences, après la terre dont il faut se rappeler les lois pour ne pas prétendre aller plus vite que la musique, je veux évoquer l’eau qui est si vitale et, en même temps dangereuse et irrésistible, au point que ce que nous recherchons dans l’univers ce sont ses traces pour discerner si d’autres mondes vivants peuvent exister ailleurs que sur terre.

Et pourtant, il n’y a aucun élément dont nous osons plus perturber l’équilibre que l’eau.

Nos élevages intensifs de porcs, en Bretagne par exemple, produisent de telles quantités de nitrates que les nappes phréatiques sont à la limite de l’eau potable et des algues prolifèrent dans certains points des côtes avec des émanations de gaz toxiques où des hardes complètes de sangliers ont péri.

Pendant bien longtemps l’Humanité s’est battue contre les éléments aquatiques, maritimes ou fluviaux, afin de conquérir des parcelles supplémentaires de terre, comme aux Pays-Bas où la mer fut progressivement repoussée jusqu’à augmenter le territoire exigu de ce pays dans de très significatives proportions. L’avancée alluvionnaire du delta du Rhône a situé à une dizaine de kilomètres à l’intérieur des terres l’endroit d’où Saint Louis s’embarqua pour la croisade le 3 juillet 1270. Les paysans du delta du Gange, ont l’habitude d’avoir les pieds dans l’eau chaque année, mais quand l’eau baisse leur terre rend alors suffisamment pour leur permettre de vivre le reste de l’année. Mais la hausse inéluctable du niveau général des océans laissera sous l’eau douze mois sur douze des grands territoires très peuplés … et, en plein Océan Indien, les Maldives n’ont probablement plus que quelques dizaines d’années à vivre. Notre activité humaine est la cause incontestable de cette élévation des températures qui va provoquer la submersion d’immenses territoires.

Toujours aussi avides d’hydrocarbures fossiles, grâce auxquels nous détruisons notre environnement, nous bavons, tels des crétins des Alpes dégénérés, devant ce gaz de schiste dont nul n’a pu apporter la preuve qu’il n’en résultera pas la pollution irrémédiable des réserves d’eau potable des nappes phréatiques. Le Gouvernement Français semble incontestablement hésiter … pour une fois ce côté irrésolu ne me chagrine pas. Mais saura-t-il résister jusqu’au bout alors qu’on estime que le sous-sol de la France comporte de fortes quantités de gaz de schiste ?

Je n’ai guère l’habitude d’abuser de l’eau et, si voir couler ma source en Haute-Ardèche me réjouit toujours, je ne suis pas un maniaque de l’eau … mais en cette fin de 2012, mon troisième vœu pour 2013 c’est qu’on reprenne bien conscience du caractère vital de l’eau, de la nécessité de la protéger, d’endiguer ses débordements, d’éviter son assèchement. N’oublions pas ce qui est arrivé à la Mer d’Aral (D’une superficie équivalente à l’ensemble du Massif Central en 1960, elle s’est réduite de plus de moitié, et, morcelée, elle pourrait disparaître d’ici quinze ans) en raison des cultures intensives de coton au Kazakhstan dont, en son temps, Nikita KROUTCHEV était si fier.

Que notre bon sens s’exerce donc sur l’eau, que le ciel fait voyager au profit de la terre qui ne peut nous nourrir sans elle.

Jean-Paul Bourgès 30 décembre 2012

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