En hommage à Gilbert POUILLART et en lui souhaitant un prompt rétablissement.
… comme le chantait Johnny !
En ce jour de Saint Sylvestre, il est devenu habituel, en particulier à Strasbourg, ville si sage le reste de l’année, que de nombreuses voitures brûlent … et, grâce à Manuel VALLS, nous en saurons le nombre cette fois-ci (Ce qui signifie que, sous l’ère SARKOZY, on n’avait pas sur tous les sujets le même culte du chiffre !). Cette promesse de savoir le nombre … quelle dérision ! ! !
Mais ça n’est pas du tout de ce feu là que je veux parler en ce jour.
Je pense d’abord à tout ce Massif Central que j’aime tant, à cet étonnant champ de volcans éteints, dont le Mont Mézenc, sur les flancs duquel se trouve « Le Centre Haroun TAZIEFF » que j’ai rejoint en 2012. Le volcanologue, personnage trans-disciplinaire indisciplinable par les institutions mais roi de la discipline d’équipe, de nulle part et de partout, a initié cette approche du métier qui consistait à aller aussi près que possible des volcans en éruption pour y capter et analyser les gaz et matières en fusion. On ne peut pas parler du feu de la nature sans penser à lui sur les pentes de « La Soufrière » en 1976 où sa vie et celles de ses compagnons faillirent s’arrêter, tandis que la carrière d’une des personnes présentes se poursuivit d’enflure en enflure jusqu’à se perdre sur la trace de certains mammouths.
Je pense aussi à ces immenses tourbières souterraines qui peuvent se consumer pendant des années et des années sans aucun signe extérieur repérable, jusqu’au moment où leur combustion se transmet à la végétation et aux immenses superficies qui peuvent alors partir en fumée sans recours au moindre pyromane humain. Dans leurs injustices diverses, nos sociétés ne sont-elles pas, elles aussi, en train de brûler par-dessous, jusqu’au moment où apparaîtront les flammes ? « Allumer le feu … », n’est-ce pas ce que fait l’Union Européenne en enfonçant les Grecs dans le désespoir pour les punir des falsifications financières de leurs dirigeants et du fait que les plus gros contribuables potentiels, l’Eglise Orthodoxe et les armateurs, ne participent pas aux charges du pays ? Jusque quand ce feu là sera-t-il étouffé ?
Mais, à côté de ces feux menaçants, je préfère penser à d’autres feux que l’on n’allume jamais assez et qu’il faut sans cesse alimenter pour qu’ils ne s’éteignent pas.
C’est le feu de l’étincelle d’intelligence dans l’œil de l’enfant que l’on ouvre à la connaissance, aux belles choses, à la créativité dont il découvre qu’il est détenteur.
C’est le feu de la solidarité, qui amène des hommes et des femmes à partager ce dont ils disposent, devant l’intolérable spectacle du dénuement de ceux qui les côtoient.
A la vue de la cendre grise et refroidie, qui recouvre tant de choses et qui accompagne ceux qui s’expatrient pour échapper à leur participation aux charges d’une société décente, c’est alors à la chanson de Johnny que je pense : « … Et voir grandir la flamme dans vos yeux. Allumer le feu. Allumer le feu. Allumer le feu. Allumer le feu ».
Mon quatrième et dernier vœu pour 2013 c’est qu’on détourne nos regards de la cendre minable et qu’on n’hésite pas à allumer ces feux du regard enfantin et de l’élan solidaire qui sont les forces premières de la vie.
Jean-Paul Bourgès 31 décembre 2012