Stéphane et Hervé, je vous connais, je vous apprécie, vous êtes de bons collègues de travail. Je voudrais vos "portraits sur les murs de nos villes", partout, mes camarades "hirsutes menacés". Mohamed, Ghulam et Satar, je pense à vous, vos visages forcément dissimulés pour la paix de vos familles.
A chaque coin de rue doit surgir la rage et le bruit, qu'ils vous parviennent dans vos geôles que l'on sait inhospitalières. Que ce combat pour ne pas vous oublier vous bruisse aux oreilles portant ce que l'humanité a de plus précieux: le désir d'être des hommes libres. Que vos ravissurs sachent enfin que votre valeur ne souffre aucun marchandage, que vous êtes nécessaires. Il est encore et toujours temps pour eux de comprendre que ce qu'ils veulent défendre n'est pas plus digne que la noblesse de votre démarche, qu'ils se sont trompés de mode d'action pour une cause qu'ils prétendent juste. Gens d'honneur et de courage des montagnes de cet Afghanistan fier, retrouvez ce qui fit votre grandeur. Souvenez vous de ce qu'écrivait le poète: "nous irons de l'autre côté des choses explorer la face claire de la nuit"
Aujourd'hui, pour vous mes camarades absents 188ème jour de ténèbre. Guetteur maladroit je scrute l'est où le jour se lève.
Pour Florence il y avait eu "100 jours sans", qu'envisageons nous pour ces presque 200 jours sans? Que faisons nous, "nous que voilà, de votre jeunesse"? Elle vous conduisait à "être là où on ne voulait pas de vous"; ça n'arrangeait personne, ni le champ, ni le contre champ.
Hervé, Stéphane, Mohamed, Ghulam et Satar je pense à ceux qui vous aiment, las, affaiblis, désarmés; aux cauchemards qui sont devenus les compagons habituels de leurs nuits.
J'espère qu'ils commencent à entendre ce cri de rage qui enfle, ce cri qui (soyons rêveurs) vous parviendra comme un bruissement de réconfort, ce cri qui vous protège comme le souligneFlorence Aubenas, qui "rend votre vie précieuse".