"Ils" disent qu'ils veulent "aider" la Grèce.
Ainsi, l'aéroport de Francfort veut racheter 14 à 19 aéroports grecs (suivant les sources) , "de manière à aider les Grecs".
S'ils veulent les racheter, c'est que l'exploitation de ceux-ci sera rentable. Par conséquent, s'ils voulaient aider les Grecs, ils les aideraient à exploiter ces aéroports, au lieu de tenter de les obtenir, afin d'en tirer à leur place les bénéfices d'exploitation. D'où l'on déduit nécessairement que le but n'est pas d'aider, mais de déposséder.
Il en est de même du reste. Varoufakis déclarait dans une interview que les Grecs "manquaient d'expertise pour exploiter leurs actifs". Or, les créditeurs - que je ne nommerai pas - et que l'on voit presque chaque jour s'exprimer à la télévision, nous disent sans cesse, avec une voix pleine de trémolos, et des accents étudiés de "bonté" lénifiante, qu'ils veulent "aider", ou "sauver" la Grèce. Ils se gardent bien de préciser ce qu' ils entendent par "sauver", car on ne domine jamais mieux qu'en entretenant l'imprécision et la confusion sur le sens des mots.
Quant à "aider", "aider" à quoi? A faire face à leurs échéances? Ne peut-on pas reporter celles-ci (sans même évoquer ici la possibilité d'une réduction de la dette)?
Et les INTERETS de la "dette"? Ne serait-il pas élémentaire, dans une telle situation, de supprimer ces intérêts, c'est à dire de les poser égaux à zéro? Le FMI, la BCE, ne sont pas des organismes à but lucratif, que l'on sache. Mais non, au contraire, puisque l'intérêt est précisément ce qui étouffe, et ce qui peut rendre la dette infinie ...
Mais, s'ils voulaient les "aider", ils les accompagneraient dans l'apprentissage des méthodes d'exploitation des dits actifs. Ce qu'ils ne font pas. Bien au contraire: ils veulent établir ce qu'ils nomment, tantôt un "fonds de garantie", tantôt un "fonds de privatisation".
Le président de l'Eurogroupe (cette entité fantôme sans existence légale) nous "informe" vaguement que la destination de ce fonds n'est "pas encore déterminée". "Cela dépendra". Ah oui, de quoi? Même si l'on remettait LA TOTALITE de sa "dette" à la Grèce, le problème ne changerait pas substantiellement, s'il n'y a pas d'assistance à la modification des structures. On recommencerait à prêter de l'argent, etc ..., et le problème redeviendrait le même.
Il faut donc se rendre à l'évidence. Je ne parlerai pas ici des "erreurs de la Grèce". On a sciemment inondé ce pays de sommes énormes, sachant que cet argent disparaîtrait, une partie par nécessité, une autre par naïveté, une autre, encore, par corruption. Ensuite, il suffit de réclamer des "remboursements" - dont on sait que ceux-ci sont impossibles - en prétextant d'une prétendue URGENCE, alors que celle-ci n'existe pas. Bien entendu, il n'y a aucune "urgence" des remboursements, puisque cet argent NE MANQUE PAS à ceux qui l'ont prêté (BCE, etc ...).
En effet, la BCE - par exemple - a le droit de "créer de l'argent", c'est à dire d'écrire - quasiment arbitrairement - dans des livres de compte, que la "masse monétaire" en circulation augmente. Avec peu de conséquences "internes", pour l'instant. Et des conséquences "externes" limitées temporairement à la baisse de la valeur de l'euro sur le marché des changes (toutefois: attention aux conséquences futures). Mais, pour l'instant, la BCE se permet de créer de l'argent ex nihilo - c'est à dire de prêter de l'argent qui "n'existe pas", gagé par sa "bonne réputation", et sa position de force.
Cependant, la Grèce, elle, doit rembourser de l'argent BEAUCOUP plus "REEL", puisque, pour ce remboursement, elle n'est pas censée imprimer des billets, ou écrire dans des livres de compte.
En conséquence, elle doit rembourser de l'argent "gagé" sur des actifs "matériels" - et ce qu'on lui demande maintenant, c'est de liquider ces actifs, afin de pouvoir rembourser une partie de sa pseudo-dette. Bien entendu, cela dégagera une somme qui sera une goutte d'eau absorbée par la mer, et, ensuite, la situation sera PIRE: moins d'actifs, moins de possibilités pour produire de quoi rembourser "la dette", etc ...
Ces méthodes sont connues et pratiquées depuis longtemps. Déjà, dans la Rome antique, lorsque les familles des citoyens qui étaient partis guerroyer pour Rome (et ne pouvaient donc plus assurer leur exploitation agricole) ne pouvaient plus subvenir à leurs besoins, "on" leur prêtait de l'argent, puis, un certain seuil d'endettement atteint, on les "obligeait" à vendre leurs terres (souvent à vil prix) - ce qui fait qu'ils ou elles se retrouvaient sans rien, paupérisés, dans la misère et vivant parfois d'une rare charité publique (elle aussi un moyen de manipulation) - ou même, pour certains, en esclavage pour dettes.
On a vu un phénomène d'une telle ampleur aux U.S.A. dans les années 1980-1990: Des banques ont prêté avec une grande générosité des sommes conséquentes à de nombreux exploitants agricoles, de manière à leur permettre de "moderniser" leur exploitation. Ce que ces exploitants ne savaient pas - mais que les banques savaient - est que les prix allaient baisser, et que les exploitants ne pourraient JAMAIS rembourser.
Ainsi, souvent dès le premier défaut de paiement, les banques, loin d'aménager la dette, saisissaient la propriété, et la vendaient aux enchères. Il n'y avait aucune publicité pour ces enchères. Ainsi, ne s'y trouvaient que des acheteurs potentiels prévenus directement par les banques. Les propriétés étaient vendues à vil prix - les banques se contentant de la somme leur restant due par l'exploitant, et ainsi, une "tierce personne" s'emparait de ces actifs pour une somme dérisoire.
Il est clair qu'il est en train de se passer la même chose pour la Grèce. Un conglomérat (que je ne tenterai pas de décrire, me contentant de le désigner par "ils"), a DECIDE de s'emparer de la Grèce, par des méthodes analogues à celles décrites. On parle de "coup d'état", mais il s'agit plutôt d'une O.P.A., dans la mesure où un coup d'état est un acte "intérieur", et une O.P.A. un acte "extérieur".
La discussion précédente montre amplement que tout cela était prémédité et calculé. La Grèce ayant cette "manne touristique", pourquoi ne pas exploiter celle-ci directement, "du début jusqu'à la fin"?
Aéroports, hôtels, plages, restaurants, boutiques - tout doit y passer. Et que deviendront les Grecs? Massivement au chômage, et, pour quelques-uns, employés avec des salaires de misère? Et sans quelque "R.M.I." que ce soit.
Et rien ne prouve que des chômeurs "du Nord" ne soient pas importés en Grèce; quoi de plus beau que de travailler et de vivre au soleil? On réussira peut-être même à subtiliser aux grecs les recettes de l'ouzo, de la feta, de la retsina, etc ...
Que deviendra la Grèce? Que deviendront les Grecs? Des étrangers dans leur propre pays. Que leur restera-t-il, sinon la diaspora ou la misère ("ou" inclusif)? Nous sommes en train d'assister ici à la tentative d'effacement pur et simple d'une culture, d'une civilisation, à une tentative de "domination de la quantité sur la qualité" - et tout ceci AVEC DE L' ARGENT QUI N'EXISTE PAS !!