Comment ne pas mettre face à face ces deux évènements, des rebellions authentiques voire tragique et une polémique un peu vaine sur la rebellion, son existence et ceux qui ont le droit d'en parler.
On a vu, il y a quelques jours ou semaines, des discours innombrables sur la rebellion, sa définition et ceux qui ont le droit d'en parler. Et des invectives contre M. Gauchet, malheureux récipiendaire du discours inaugural. C'était étrange : comme si les mots avaient leur mode de vie et les réalités une autre. Certes Gauchet est plus pertinent pour refroidir les systèmes de représentation, qu'inventer l'avenir. Chacun son registre : on sait depuis Hegel que les idées et les intellectuels viennent toujours après.
Pourtant à défaut d'avoir un maître pour ouvrir leurs débats, ces intellectuels pourraient trouver dans la disparition de Grothendieck, l'affrontement des Zadistes de Siven et la mort tragique de Remi, des cas d'école et des travaux pratique pour leur sagacité et celle de leurs étudiants. Pourquoi ce mathématematicien génial s'est-il retiré du monde ? A quoi bon ce refus silencieux ? Et ces jeunes obstinés que veulent-ils ? ce n'est pas si évident dans le trop plein d'informations.
Les analyses des "intellectuels indignés" seraient plus audibles que leur aspiration à écouter un maître en "révolte".
Les intellectuels qui sont, dans le meilleur des cas, des travailleurs de la preuve (Bachelard) n'ont-ils pas le savoir faire pour être les médiateurs entre la société et ses héros, loins devant nous, admirables dans certains cas, souvent incompréhensibles au commun des mortels. Nous expliquer Grothendieck, puis-je rappler qu'il y a eu un blog passionnant dans ces colonnes !
Et nous expliquer les zadistes pourquoi pas ? certaines proclamations sont claires ; d'autres confuses et embryonnaires. Ce compte rendu du front des fractures sociales serait un éclairage pour nous, une critique et un appel à justifier leur combat voire à l'approfondir. Et peut être pour notre société, une manière d'évoluer plutôt que d'exploser.